LA FERTÉ-BERNARD, petite ville de la Sarthe, compte près de 9 500 âmes, des canaux que l’on peut parcourir en barque, un patrimoine du Moyen-Âge et de la Renaissance, des monuments classés et un festival des arts et technologies qui a lieu chaque année. Depuis fin 2011, la ville, surnommée la « Venise de l’Ouest », est également la première commune semi-rurale française à disposer d’un centre municipal de santé, où travaillent des médecins salariés par la mairie. Ouvert en septembre 2011, le centre a accueilli son second médecin en janvier 2012, afin de pallier le risque de pénurie de praticiens dans la commune. Les locaux sont installés dans une petite maison non loin du centre-ville, et sont ouverts du lundi au vendredi, de 9 heures à 12 heures et de 15 heures à 19 heures. En poussant la porte, on entre directement dans la salle d’attente dotée de quelques chaises et d’un guichet administratif destiné à l’accueil des patients. La secrétaire médicale est, elle aussi, embauchée par la commune. Les deux médecins du centre disposent chacun d’une salle de consultation. Le principe du centre est simple : les médecins sont salariés par la commune, qui met à leur disposition les locaux et le matériel. Les patients qui viennent consulter sont reçus comme chez n’importe quel autre prescripteur, leur carte vitale est acceptée et ils sont remboursés par la Sécurité sociale. Seule différence : au moment de payer, au lieu de faire un chèque à l’ordre du professionnel, ils l’adressent au Trésor public.
Refus de l’exercice libéral.
L’idée de créer ce centre municipal de santé germe en 2010, suite à des inquiétudes exprimées par la population quant au départ non-remplacé des trois médecins de la maison de santé de la ville, prévu pour juin 2011. Afin d’attirer de nouveaux professionnels, le maire de la ville, Jean-Carles Grelier, essaie d’abord tous les canaux de recrutement classiques, sans succès. En désespoir de cause, la mairie fait appel à un cabinet de marketing, qui établit un profil type de médecin susceptible de s’installer à la Ferté-Bernard. Ce profil est confronté avec celui de 1 500 médecins de la première couronne parisienne et un courrier leur est adressé. « On leur offrait des conditions d’installation très intéressantes. On finançait même l’automobile pour faire les visites à domicile ! » explique Jean-Carles Grelier. Pourtant, sur les sept entretiens organisés, tous se sont soldés par des refus, pour des motifs identiques : les candidats ne souhaitaient plus exercer en libéral et demandaient à être salariés. Le maire se penche alors sur les conditions nécessaires pour répondre à cette demande, et découvre le fonctionnement des centres de santé. « Nous avons publié une annonce en janvier 2011 afin de recruter un médecin coordonnateur pour un centre de santé dans notre ville », indique-t-il. La municipalité reçoit alors une dizaine de candidatures. Finalement, c’est le Dr David Authié qui est retenu pour le poste. Ancien médecin militaire, puis médecin libéral pendant trois ans en Languedoc-Roussillon, il n’appréciait pas particulièrement l’exercice libéral. « Je voulais retrouver un mode d’exercice proche de celui que j’avais connu à l’armée », confie-t-il. Séduit par l’idée du centre de santé, il prend ses fonctions en juillet 2011. La mairie investit 35 000 euros pour l’ensemble des équipements des cabinets (mobilier, informatique, logiciels…), et le centre peut enfin ouvrir ses portes en septembre de la même année. « On a ressenti un très grand soulagement de la part de la population », se rappelle Jean-Carles Grelier.
Un service public essentiel.
Depuis le 1er janvier 2012, un second médecin, le Dr Anne Serret, a rejoint son confrère au sein du centre municipal. Elle travaillait auparavant dans un cabinet de groupe à Compiègne, mais trois médecins sur les cinq sont partis en même temps et le quatrième a décidé de s’en aller aussi. « On ne trouvait pas de remplaçants là-bas non plus, explique-t-elle. Et je ne pouvais pas gérer les cinq clientèles. Pour ma fin de carrière, la démarche de la Ferté-Bernard était intéressante, même si je me plaisais en libéral. » Pour Anne Serret, l’exercice quotidien de son métier est très proche de ce qu’elle connaissait avant. « Je vois trois patients par heure, comme lorsque j’étais en libéral, je prends la carte Vitale, je peux être médecin traitant. » Les praticiens du centre font également des visites à domicile et vont prochainement intégrer le tour de garde, au même titre que les autres médecins fertois. Ils sont rémunérés 4 000 euros net par mois. Depuis le 1er janvier, le budget du centre est à l’équilibre. La mairie envisage désormais de recruter un troisième prescripteur pour élargir encore l’offre de soins. « Pour nos concitoyens, la médecine de proximité est devenue un service public primordial, estime le maire. Tôt ou tard, tous les élus locaux vont être confrontés à ce problème. » Certains ont d’ailleurs déjà exploré d’autres pistes, telles que le recours à des cabinets de recrutement (voir « le Quotidien » du 26 janvier 2012). « Notre centre n’est peut-être pas la solution miracle, mais c’est une solution parmi d’autres et elle a le mérite de fonctionner sans rien coûter au contribuable », conclut Jean-Carles Grelier.
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