À PRÈS DE HUIT MOIS de l’élection présidentielle, il est certes préférable de relativiser des symptômes de crise politique qui ne seront sans doute qu’éphémères. Il ne faut pas non plus accabler le système des primaires. Ceux qui lui sont hostiles en dénoncent les aspects conflictuels pour mieux étayer leur position de principe. Pourtant, les primaires, si elles se déroulent démocratiquement, engendrent inévitablement des querelles au sein du parti qui les a voulues. Ces querelles sont indispensables pour différencier les candidats. Il est même logique que Ségolène Royal, qui peine à améliorer sa position dans les sondages, attaque durement François Hollande (selon elle, il n’aurait rien fait en tant que Premier secrétaire) et Martine Aubry (qui, selon Mme Royal, a perdu la seule élection législative à laquelle elle a participé). Quand les socialistes ont affiché leur unité lors des universités d’été de La Rochelle il y a dix jours, personne n’était dupe, même pas les militants. Les Verts ne sont pas non plus à la noce quand ils écartent Nicolas Hulot et quand leur porte-parole, l’amie d’Eva Joly, dit exactement le contraire de ce que dit la candidate sur les retraites et le reste. Europe Écologie-les Verts pansera rapidement ses plaies au profit de celle qui incarne la « ligne dure » et n’a fait qu’une bouchée de Daniel Cohn-Bendit et de M. Hulot.
Et les socialistes finiront par se rassembler autour d’un seul nom. Le courage de tenir de vraies primaires malgré les difficultés d’une méthode à inventer n’est pas une témérité fatale. Les disputes, bisbilles, complots, manœuvres qui jalonnent le processus ne seront pas plus forts que l’enjeu, ou que l’envie très partagée par les Français de changer de majorité, avec l’espoir, fondé ou non, que la prochaine saura redresser le pays.
Les divisions de la droite sont plus graves. Elles ne sont si nombreuses que parce que la capacité de Nicolas Sarkozy, qui semble confirmer jour après jour qu’il sera bien le candidat de la droite, est remise en cause par tous ceux qu’il a maltraités au sein de son camp et par des élus qui jouent leur siège à l’Assemblée. En outre, le plan d’économies de 11 ou 12 milliards d’euros présenté par François Fillon est très mal perçu par les élus ; il n’a pas été adopté tel quel et a été quelque peu détricoté ; il correspond beaucoup plus à du bricolage financier qu’au début d’une réforme fiscale ; il est, une fois encore, inégalitaire, en ce sens qu’il accable la classe moyenne sans entamer sérieusement le pouvoir d’achat de la classe supérieure ; et, au-delà, sa médiocrité intrinsèque risque de diminuer la confiance que la France inspire aux financiers et aux agences de notation.
La question de fond.
Bien entendu, se servir aujourd’hui des sondages d’opinion pour annoncer l’inévitable défaite de M. Sarkozy serait ridicule. Il n’a pas vraiment commencé à faire campagne ; il ne sait pas encore contre quel adversaire socialiste il se bat ; les Français ne sauraient lui nier la virtuosité avec laquelle, jusqu’à présent, il les a protégés d’une dévastation financière qui aurait pu, pourrait encore être infiniment plus grave que ce qu’ils imaginent ; rien ne dit que, à la dernière minute, ils ne préfèreront pas tenir que courir. Mais il est au moins honnête d’énoncer les handicaps de M. Sarkozy, d’en faire l’addition, de tenir compte du climat de crise durable dans lequel nous sommes tous plongés pour supposer que ses chances de l’emporter en dépit de tant de vents contraires restent minces pour le moment. Le plus gênant pour lui, c’est que sa majorité se pose la question de la qualité du candidat : est-il le meilleur, est-il le seul pour représenter la droite ? Cette question insidieuse, non exprimée, taraude les consciences de droite. Elle donne du corps à la candidature de Jean-Louis Borloo, à celle de François Bayrou (pour autant qu’il soit encore de droite). Denis Jeambar, ancien directeur de « l’Express » publie un livre pour le sommer de ne pas se présenter une seconde fois. Personne ne pense que M. Jeambar exagère.
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