À n'en pas douter, le RN est arrivé en tête et son succès confirme la déroute de la droite, de la gauche et de l'extrême gauche. Il n'a pas pour autant effrité les forces de la République en marche. D'abord parce que son avance sur la REM se limite à un maigre 0,9 %. Ensuite parce que le paysage politique créé par les élections générales de 2017 est parfaitement validé par le scrutin. On continuera à dire ce que l'on veut de ce match permanent entre la REM et le RN, beaucoup de nos concitoyens en déduisent que le seul rempart contre l'avènement de l'extrême droite reste la majorité actuelle. Enfin, la proportionnelle intégrale, mode de scrutin des européennes, donne au RN un avantage qu'il ne retrouvera pas dans d'autres rendez-vous électoraux. La REM n'a pas dominé le présent, mais l'avenir lui appartient encore.
C'est important pour la suite, dont le président de la République s'occupe activement depuis lundi. En dépit de ses rodomontades, le RN ne réussira pas à conclure avec ses alliés apparents une majorité ni même une minorité de blocage, alors que le chef de l'État entend s'associer, urbi et orbi, à tous les centristes et électeurs du centre droit qui finiraient pas comprendre que l'unique alternative à l'extrême droite n'est pas les Républicains, mais bel et bien la REM. Pourquoi ? Mais parce que LR a été laminé, parce que la gauche est en décomposition et on pense avec compassion aux politiques comme François Hollande qui s'apprêtaient à lancer une OPA sur elle. Ils peuvent bien le faire, ils n'iront pas loin. Il semble bien, en outre, que l'électorat français ait lancé à Jean-Luc Mélenchon un message d'une limpide clarté : ils ne veulent ni de son autoritarisme, ni de son programme désordonné pour aller à la VIe République et, du coup, ils légitiment indirectement la macronie.
Résultat : si vous attendiez des conséquences spectaculaires après les européennes, vous en serez pour vos frais. M. Macron ne va pas changer de Premier ministre et Édouard Philippe est déjà à pied d'œuvre. Il fera un discours de politique générale au début de juin, tandis que le président négocie âprement la nomination du nouvel exécutif européen. Ses désidérata se heurtent frontalement à ceux de la chancelière Angela Merkel, qui défend Manfred Weber pour remplacer Jean-Claude Juncker et dont Macron ne veut pas. De sorte que, oui, nous allons assister à une Union européenne nouvellement configurée. Macron ne désespère pas de créer un nouveau parti européen qui s'insèrerait entre le PPE, alliance des conservateurs, à laquelle l'Allemagne tient énormément, et les sociaux-démocrates. Même si les écologistes qui, dans plusieurs pays, dont la France et l'Allemagne, ont fait un score brillant, leur vision de la société n'est pas incompatible avec celle de la REM qui, pendant les derniers jours de la campagne, s'est fortement écologisée grâce au programme ambitieux que le président a présenté.
Non à la révolution
Marine Le Pen peut continuer à réclamer le départ de Macron, ce qu'elle a cessé de faire pour ne pas se couvrir de ridicule une fois de plus. LR peut continuer à croire à sa renaissance en singeant stupidement le RN et en nommant une tête de liste hostile à l'avortement. Jean-Luc Mélenchon peut jouer les saltimbanques en adoptant définitivement le rôle de Tartarin, et se prendre pour la seule incarnation de la République. Benoît Hamon peut continuer à croire que son intégrité morale est le seul vecteur du socialisme et Nicolas Dupont-Aignan peut se considérer éternellement comme la victime d'un complot médiatique. Mais la majorité silencieuse détient la vérité. Elle est indignée par la crise des gilets jaunes et ses exactions insupportables, inquiète du triomphalisme de l'extrême droite européenne qui, d'ailleurs n'a pas, dans l'ensemble, réalisé un score convaincant, et elle rejette l'atmosphère de révolution que la France insoumise veut créer.
Macron doit se rapprocher des écologistes, qui ne sont pas tous de gauche, et qui, s'ils sont à gauche, peuvent trouver dans son programme de quoi les intéresser. Eux-mêmes doivent trouver le chemin de la politique et cesser de s'enfermer dans un absolutisme incapable de faire avancer leur cause.
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