L’EXPÉRIMENTATION sur l’intégration des médicaments dans le budget de soins des EHPAD* a démarré il y a environ trois mois. Mais, bien sûr, l’implication des pharmaciens dans les maisons de retraite est bien antérieure. C’est le cas de la pharmacie des Cèdres à Illkirch en Alsace, qui dessert deux grands établissements de la ville. D’abord simple fournisseur, l’officine est passée depuis 2008 au « stade supérieur » en proposant tous les médicaments des pensionnaires sous forme de doses à administrer, c’est-à-dire sous blisters individualisés, avec le nom et la localisation exacte du patient, et les produits à prendre aux différents moments de la journée. Cette préparation des doses à administrer (PDA) représente un travail considérable pour la pharmacie, qui dispose pour cela de trois préparateurs exclusivement dévolus à cette tâche, et de deux grandes pièces au premier étage de l’officine… Sans parler bien sûr des logiciels informatiques, et des transports pour les livraisons. « Avant de passer à la PDA, explique Daniel Muller, l’un des deux titulaires, nous travaillions déjà avec ces maisons de retraite, mais nous nous sommes aperçus que 10 à 15 % des médicaments qui partaient de la pharmacie, correctement étiquetés et emballés, étaient pourtant mal pris ou même donnés à d’autres patients, parce que le personnel des maisons de retraite n’avait ni la formation ni le temps pour bien les administrer ». De plus, poursuit-il, le développement des génériques a accru les risques de confusion, en raison des changements de nom et de forme. Il fallait donc absolument trouver des réponses à tous ces défis, sous peine de « perdre » les EHPAD… Et, plus globalement, de décrédibiliser la pharmacie d’officine.
Un acte à rémunérer.
La pharmacie des Cèdres s’est donc lancée dans la PDA, ce qui lui permet aujourd’hui de délivrer des médicaments « parfaitement traçables à tout moment, et chez tout patient ». Avant cela, rappelle Daniel Muller, « le linge et l’alimentation étaient mieux surveillés dans les maisons de retraite que les médicaments ! ». Il s’agit toutefois d’un travail très lourd, d’autant plus qu’il n’est pas rémunéré pour l’instant : « Nous pouvons le faire grâce à l’effet de volume », explique Daniel Muller, mais il faut régler rapidement cette question du financement global. De même, il est important, selon lui, que le pharmacien référent soit non seulement le préparateur, mais aussi le livreur, sous peine là aussi de rompre cette unité de la chaîne. Sans la globalité de l’acte pharmaceutique, poursuit-il, nous perdrons ce secteur, surtout si des pharmacies à usage intérieur (PUI) se mettent un jour à approvisionner plusieurs EHPAD à la fois, un risque qu’il ne faut pas sous estimer.
« Nous pouvons fonctionner ainsi parce que nous sommes une grosse pharmacie », poursuit Daniel Muller, conscient que les petites officines auront plus de mal à répondre à ces missions, en raison des investissements logistiques qu’elles réclament. « Si les caisses nous poussent à prendre en charge les EHPAD, c’est qu’elles attendent de nous plus de sécurité, mais aussi plus de rentabilité et d’économies », analyse le pharmacien, qui sait aussi que le succès des EHPAD conditionne la prise en charge, par les officinaux, d’un domaine encore plus vaste, celui du maintien à domicile : « Plusieurs millions de Français sont concernés, et nous devons absolument réussir les EHPAD si nous voulons, un jour, répondre vraiment aux problèmes posés par le maintien à domicile, un secteur qui conditionne l’avenir de la pharmacie », estime Daniel Muller.
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