Quel est le rôle du « pharmacien correspondant » ?
Renouvellement de traitements chroniques, réalisation de bilan de médication et ajustement de posologies, sont les principales missions qui incombent au « pharmacien correspondant ». Bien sûr, celui-ci ne les met pas en œuvre de son propre chef, mais en collaboration avec le médecin traitant du patient et selon un protocole de soins bien établi. « Dans le cadre d’un protocole portant sur un traitement chronique, le pharmacien d’officine désigné comme correspondant par le patient peut, à la demande du médecin ou avec son accord, renouveler périodiquement le traitement concerné, ajuster au besoin sa posologie au vu du bilan de médication qu’il a effectué, selon un rythme et des modalités définis par le protocole », stipule ainsi le texte publié le 7 avril au « Journal officiel ».
Qui peut être désigné pharmacien correspondant ?
Le patient peut désigner le pharmacien correspondant de son choix, qui peut être aussi bien un titulaire, qu’un adjoint, ou encore un gérant d’une officine. Qu’importe le statut pourvu qu’il ait le diplôme.
Dans quelles conditions exercera-t-il sa mission ?
Sa mission est parfaitement encadrée par un protocole de soins défini en accord avec le médecin et validé par la Haute Autorité de santé (HAS). Celui-ci détermine, par exemple, le nombre de renouvellements autorisés et leur durée. Quoi qu’il en soit, le décret indique que « la durée totale de la prescription et des renouvellements ne peut excéder douze mois ». Le texte souligne également que « la prescription médicale rédigée dans le cadre du protocole précise les posologies minimales et maximales, la durée totale du traitement comprenant les renouvellements, ainsi que la nature des prestations à associer selon le produit prescrit ». À noter que le protocole peut prévoir des bilans de médication à effectuer par le pharmacien.
Qu’est-ce qu’un bilan de médication ?
Le décret mentionne qu’un tel bilan « comprend l’évaluation de l’observance et de la tolérance du traitement ainsi que tous les éléments prévus avec le médecin pour le suivi du protocole ». En pratique, il s’agit notamment de recenser les effets indésirables, d’identifier les interactions avec d’autres traitements dont il a connaissance et de les communiquer au prescripteur. Ce bilan peut, le cas échéant, conduire le pharmacien à adapter la posologie, ce dont il informera également le médecin. « Le dossier pharmaceutique du patient, lorsqu’il existe, prend en compte tous ces éléments », précise le décret.
Le pharmacien sera-t-il rémunéré pour cela ?
Oui. Dans le cas contraire, « je n’appellerai pas mes confrères à le faire », prévient d’ores et déjà Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Mais, pour l’heure, rien n’est encore défini. Pour Philippe Gaertner, la convention avec l’assurance-maladie représente un très bon cadre pour établir des règles de rémunération. Le montant de l’indemnisation ? Difficile à répondre pour le moment, mais « il faudrait arriver à mettre en place une nomenclature au travers d’un acte, d’un honoraire ou d’une lettre clé, fixant une rémunération en fonction de l’importance de l’intervention du pharmacien », estime Philippe Gaertner.
Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), se dit, quant à lui, « ouvert à tout type de rémunération : à l’acte, au forfait annuel, à la capitation… » Pour lui, la négociation des protocoles et de leur financement peut s’effectuer non seulement dans le cadre de la convention, mais aussi niveau des agences régionales de santé (ARS), voire avec les complémentaires santé.
Quelle est la différence avec le pharmacien référent ?
Tandis que le pharmacien correspondant intervient auprès des malades chroniques, le pharmacien référent s’intéresse aux patients résidant dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Les missions sont différentes. Au sein de la maison de retraite, le pharmacien référent est en effet chargé d’établir la liste des médicaments à utiliser préférentiellement, de vérifier les prescriptions et de maîtriser les volumes prescrits.
Quels types de patients pourraient être concernés par ce dispositif ?
En théorie, tous les patients chroniques pourraient bénéficier d’un protocole de soins. En pratique, certaines maladies semblent plus faciles à protocoliser que d’autres. C’est le cas notamment de l’asthme, du diabète, des pathologies cardio-vasculaires, ou encore des cancers. Par exemple, pour l’asthme, « le protocole pourrait déterminer un indicateur permettant d’identifier un patient dont le traitement n’est pas adapté, tel l’hospitalisation ou la forte consommation de bêta2 inhalés », explique Philippe Gaertner. Dès lors, l’officinal en informerait le médecin afin qu’il ajuste le traitement. Pour d’autres pathologies, comme l’hypertension artérielle, le protocole pourrait prévoir une adaptation de la posologie par le pharmacien en fonction des résultats constatés au bout de 8 à 15 jours de traitement.
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