« IL EST PARFOIS de bon ton dans certaines structures de dénigrer le travail de ceux qui vont ont précédé et de remettre en cause quelques grands principes de fonctionnement. Ce n’est ni dans mon caractère ni dans mes objectifs d’agir ainsi », prévient d’emblée Benoît Thiebaut. Le nouveau président de l’Association de pharmacie rurale (APR) ne compte pas renier le passé mais, au contraire, s’inscrire dans la continuité de l’action menée par ses prédécesseurs.
Sans tarder, il compte s’attaquer à cinq grands dossiers. Le premier, Internet. « Il nous est impossible de refuser l’outil, explique Benoît Thiebaut. Mais, dans le même temps, nous ne pouvons admettre le principe d’une délivrance de médicaments à distance au risque de voir voler en éclat tout ce qui fait la nature et la richesse de notre exercice. » Pour lui, les sites de pharmacie doivent être sécurisés, labellisés et adossés à une officine bien réelle. En ce qui concerne les EHPAD*, le président de l’APR se félicite de la prolongation de deux ans de l’expérimentation sur l’intégration du budget médicament dans le forfait de soins de ces établissements. « Bon nombre d’officines rurales survivent grâce à la fourniture aux EHPAD et, pour certaines, cela se fait depuis plusieurs dizaines d’années, souligne-t-il. Modifier un tant soit peu cet équilibre, c’est prendre le risque d’étouffer plusieurs centaines de pharmacies rurales en quelques mois. » Troisième dossier prioritaire pour Benoît Thiebaut, les SEL et les SPFPL ou holding. Sa position est claire : « l’APR accueille de façon très favorable l’évolution de ce dossier et la possible abrogation de l’article 5-1**, surtout si cela peut permettre aux jeunes pharmaciens d’acheter et de s’installer. » Quoi qu’il en soit, une évolution de la législation lui semble indispensable, à l’heure où les transactions sont en bernes. « Si rien n’est fait, s’en est fini de la pharmacie française telle que nous la connaissons », affirme-t-il. Et les gagnants pourraient être, craint-il, « les grandes structures capitalistiques qui attendent leur heure pour annexer notre réseau ». « Le fait de permettre aux jeunes d’entrer dans les officines et d’aider les adjoints à s’associer dans deux SPFPL au maximum est, à nos yeux, la meilleure des solutions à l’heure actuelle », indique le président de l’APR.
Une relance économique lui paraît également indispensable. Il défend d’ailleurs la proposition de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) de relever à 75 euros le seuil de la première tranche de la marge. Il mise également sur les nouvelles missions prévues par la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) pour apporter une évolution financière. Comment ? « Sous la forme d’honoraires indispensables à l’équilibre économique de nos officines », répond Benoît Thiebaut. « Notre réseau officinal, singulièrement en zone rurale, doit coûte que coûte être préservé, car chaque fois que disparaîtra une officine, c’est un début de désert médical qui s’installe », lance-t-il. Enfin, le nouveau président compte bien s’investir pleinement sur le dossier vétérinaire, cher à son association. « Le pharmacien est l’homme du médicament humain comme du médicament vétérinaire, martèle Benoît Thiebaut. Sa formation, son expérience et sa compétence pharmacologique doivent être les garants d’une dispensation avisée et éclairée, autant pour l’animal de compagnie que pour l’animal de rente. Avec les autres instances professionnelles, l’APR se bat pour que la loi soit appliquée. Rien que la loi mais toute la loi. Et c’est cela le plus difficile. »
** L’article 5-1 de la loi de 1990 autorise des pharmaciens à prendre une participation majoritaire au capital d’une SEL dans laquelle ils n’exercent pas forcément.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion