DEPUIS LE 1er OCTOBRE, la réforme des gardes parisiennes est entrée en vigueur. Le nouveau planning prévoit 118 pharmacies ouvertes les dimanches et les jours fériés, contre 128 l’année précédente, et dix ouvertes chaque nuit, contre deux auparavant. Les 21 officines qui se sont portées volontaires pour la nuit assurent ainsi à tour de rôle le service d’urgence de 21 heures à 8 heures du matin. Les autres sont priées de fermer leurs portes à 21 heures tapantes. De même, les pharmacies ne figurant pas sur le tableau des gardes doivent désormais baisser le rideau le dimanche.
Une situation qui continue à exaspérer de nombreux pharmaciens parisiens, habitués à ouvrir tous les dimanches. En mai dernier, ils s’étaient constitués en collectif et avaient lancé une pétition pour protester contre le projet de réforme. Ils avaient recueilli plus de 50 000 signatures et interpellé de nombreux responsables politiques pour plaider leur cause (voir le Quotidien du 24 mars et du 12 mai). Alors que la réorganisation est désormais effective, Laurent Sebban, porte-parole du « collectif des 125 » et titulaire dans le 20e arrondissement de Paris, ne s’avoue pas vaincu. « Cela n’apporte rien à l’Agence régionale de santé (ARS) de limiter un service qui ne lui coûtait pas grand-chose », continue-t-il à plaider. « Nous sommes censés fermer un dimanche par mois, mais certains confrères ont acheté leur officine en tenant compte du chiffre d’affaires le dimanche. Comment vont-ils faire pour compenser le manque à gagner ? », s’interroge-t-il.
Contrôles de l’ARS
Il pointe également des problèmes d’organisation, notamment vis-à-vis des salariés. « Lorsque les contrats de travail des salariés prévoient de travailler tous les dimanches, la fermeture induit une baisse de leur salaire. C’est compliqué à gérer », affirme-t-il. Également opposé à la limitation des horaires le soir, il dénonce une réforme qui n’a « aucun intérêt » et qui « limite l’accès aux soins entre 21 heures et minuit, ce qui risque de provoquer des engorgements avant l’heure de fermeture. Cette réforme est totalement incohérente » s’insurge-t-il. « Elle crée des difficultés de gestion sans rien changer au comportement des patients ». Il a donc l’intention de recenser tous les dysfonctionnements liés à la réforme, afin de les faire remonter à l’ARS d’ici la fin de l’année. En attendant, « chaque confrère réagit en son âme et conscience, indique-t-il. Soit il ferme son officine, soit il reste ouvert comme avant… ». Cependant, ceux qui prennent le risque de rester ouverts en dehors des horaires autorisés s’exposent à des sanctions. L’ARS va en effet diligenter des contrôles avant la fin de l’année, afin de vérifier que les heures de fermeture sont respectées.
Meilleure répartition
En réponse à toutes les critiques du collectif, les syndicats tiennent à relativiser. « Je comprends les confrères qui sont sur les grands axes touristiques et qui voudraient continuer à rester ouverts les dimanches », déclare Jean Schies, représentant de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF). « Mais si toutes les officines de leur quartier sont ouvertes en même temps, je ne vois pas trop l’intérêt. De plus, c’est seulement un dimanche sur cinq qui saute. La perte de chiffre d’affaires peut être compensée par les économies de personnel découlant de la fermeture et par la baisse du nombre d’officines ouvertes ce jour-là dans la même zone géographique ». Pour lui, « la solution retenue n’est peut-être pas l’idéal, mais il fallait respecter la loi. Les pharmacies de garde sont désormais mieux réparties, ce qui était l’un des objectifs principaux de cette réforme », rappelle-t-il. Il note d’ailleurs que « par rapport à 2010 le nombre d’officines ouvertes les dimanches est quasiment le même », un point défendu par les syndicats alors que l’ARS en demandait moitié moins.
Renforcer la sécurité
Selon lui, le système doit maintenant « se rôder », car tout n’est pas encore complètement en place. « L’ARS doit informer les hôpitaux, les mairies d’arrondissement et les commissariats, de la nouvelle organisation, afin que l’information soit correctement délivrée aux patients. Certains se voient encore remettre des listes de pharmacies de garde qui ne sont pas à jour », reconnaît-il. En outre, de nouvelles mesures sont en préparation pour renforcer la sécurité des officines qui ouvrent la nuit. « Un référent policier va être nommé dans chaque arrondissement », explique Jean Schies. En parallèle, un service internet va être créé et sera accessible gratuitement à tout pharmacien inscrit : cespplusur.fr. Les syndicats rappellent que la garde peut être assurée à volets ouverts ou à volets fermés. Mais dans ce dernier cas, le numéro de téléphone de l’officine doit être indiqué sur la pharmacie, qui doit être clairement identifiable (croix verte allumée, éclairage extérieur, etc.). Les officines qui ne sont pas de garde doivent quant à elles afficher les pharmacies en service les plus proches pour la nuit, les dimanches et les jours fériés. « Si tout le monde respecte cette nouvelle organisation, les patients seront gagnants », conclut Jean Schies.
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