François Hollande, dès qu'il a appris la candidature à la présidence de son ancien ministre, n'a caché ni sa surprise, ni sa déception, ni sa frustration. Il a tout de suite parlé d'une trahison, qu'il a ressentie avec d'autant plus de douleur que M. Macron l'avait séduit grâce à son allant, sa jeunesse et son dynamisme. Le triomphe électoral de son ancien conseiller n'a pas déclenché son émotion la plus vive : il a lui-même dit, récemment sur France 2 que, s'il s'était présenté pour un second mandat, ils auraient perdu tous les deux. Ce qui a élargi le fossé séparant les deux hommes, c'est d'une part le bilan très négatif que son prédécesseur a dressé de l'action de M. Hollande et, d'autre part, le lancement d'une campagne de réformes qui tournaient le dos à celles du quinquennat précédent, sauf peut-être celle du travail, que l'ancien président juge inutile parce que, à ses yeux, la loi El Khomri était suffisante.
Sur la méthode, les manœuvres pour accéder au pouvoir, l'étroit rapport entre l'engagement de M. Macron auprès de M. Hollande et son changement de fusil d'épaule, comportement comparable à celui d'un agent double, on peut parfaitement comprendre que l'ex-président ait nourri à l'égard de son successeur une forme d'aversion rentrée : il est bien rare que M. Hollande se mette en colère en public et, dans les pires moments de sa vie, notamment sentimentale, il a toujours gardé un air de dignité. Emmanuel Macron, quant à lui, a expliqué que les connaissances qu'il avait acquises à l'Elysée et au ministère de l'Economie lui permettaient de savoir désormais tout ce qu'il ne fallait pas faire, ajoutant ainsi l'injure à l'outrage, mais apportant simultanément l'explication de sa décision de se jeter dans l'aventure avec la certitude que rien ne changerait dans le pays s'il n'en prenait pas lui-même les rênes.
Le maître et son élève ?
M. Macron a donc mis en concurrence la jeunesse et la force de l'âge, des idées neuves et une besace idéologique, la vitesse et le train de sénateur, la conviction et l'hésitation (ou la recherche éperdue de quelque consensus associant des forces antinomiques). A mesure qu'il lançait ses réformes, il devait donc s'attendre à une critique de plus en plus acerbe de son prédécesseur. « Les leçons du pouvoir » s'apparentent donc à la leçon du maître à son élève, ce qui est de bonne guerre, mais pas du goût de M. Macron qui n'a jamais eu besoin d'un cours de politique.
Il y a, dans les remarques de François Hollande, beaucoup d'accusations contre le président actuel, y compris sur son impréparation ou sur sa témérité. Mais la trahison de M. Macron n'améliore pas le bilan du quinquennat précédent. Qu'il le veuille ou non, et en dépit de ses nombreuses piques et du combat, d'ailleurs loyal, qu'il livre à M. Macron, M. Hollande sert de faire-valoir au chef de l'Etat actuel. Car il suffit de se souvenir du climat de fin de règne, au terme du mandat de M. Hollande, de sa décision publique, quatre mois avant les élections, de ne pas se présenter pour un second mandat, de son immense impopularité (on ne lui pardonnait plus rien, même pas sa bonhomie), pour que sa présentation, purement personnelle, de faits encore récents, ne convainque que ses affidés. Le caractère de M. Hollande, en particulier son goût pour la conversation à bâtons rompus, qui l'a conduit au suicide politique avec la publication d'un livre rédigé par deux journalistes du « Monde », ne suffit pas à expliquer sa chute, mais il en est l'un des facteurs. De sorte que sa présidence a été encore plus spectaculaire, au sens péjoratif du terme, que celle de Nicolas Sarkozy. Il a effectivement donné une bonne leçon à M. Macron qui, tous les jours, s'efforce de faire le contraire, sur les plans privé et public, de ce que faisait François Hollande.
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