EST-CE une simple querelle de clochers ? À la mairie de Goudargues, dans le Gard, on est furieux du projet de l’unique pharmacie de la ville d’aller à Cornillon, la commune voisine, sous l’impulsion de son titulaire, Philippe Allain. Une pétition contre ce transfert a circulé et le maire de la commune, Martial Bonnefond, annonce son intention de s’opposer fermement à ce projet. « On ira jusqu’au bout » avertit-il. Pour Philippe Allain, l’enjeu est de trouver une solution au problème auquel il est confronté depuis 2002, le caractère inondable de la zone où se trouve son officine. Le 9 septembre de cette année-là, la Cèze sort de son lit après de fortes précipitations et inonde plusieurs communes, dont Goudargues et sa pharmacie. « Il y a eu jusqu’à 1,4 mètre d’eau dans l’officine qui était pourtant fermée » se souvient-il. Pour lui, quitter cette zone désormais classée en zone rouge est indispensable, il lui faut trouver un autre lieu. Des solutions ont été proposées par la mairie. « Nous avons obtenu une autorisation écrite de la DDTM (direction départementale des territoires et de la mer, N.D.L.R.) pour agrandir et sécuriser les locaux, trouvé un terrain communal, certes un peu éloigné, mais aussi un terrain privé proche de la mairie » soutient Martial Bonnefond. Solutions qui n’ont pas convaincu Philippe Allain. « Cela m’éloignait du village et des villageois » explique-t-il. Le titulaire leur a préféré une opportunité sur la commune de Cornillon, qui remplit ses critères de proximité. « Certes, je préférerais rester là où je suis, mais outre le risque d’être à nouveau inondé, l’exiguïté du lieu commence à être gênante, évoque Philippe Allain. L’agrandissement a été refusé au départ, et depuis que j’ai obtenu le permis de construire à Cornillon, cela s’est arrangé, avec beaucoup de contraintes cependant. »
Un quart de la clientèle seulement.
Querelle de clochers, peut-être, mais aussi réelles questions de fond. Le maire invoque le code de la santé publique, lequel autorise pourtant les transferts d’une pharmacie d’une commune à une autre quand la première est peuplée de moins de 2 500 habitants et ne dispose que d’une seule pharmacie (article L5125-14), tandis que le pharmacien explique que sa proximité avec d’autres communes et notamment celle de Cornillon lui permet de délivrer des médicaments à un nombre de clients plus large que ceux de Goudargues (1 100 habitants environ). « Ceux-ci ne représentent que le quart de ma clientèle » souligne-t-il. La distance selon lui n’est pas un problème puisqu’il livre déjà les clients qui le souhaitent, et le fait d’être à Cornillon ne changera pas cet état de fait. Le pharmacien se dit soutenu par sa clientèle, et ce en dépit de l’existence d’une pétition contre son projet de transfert, qu’il préfère qualifier de « relocalisation ». Deux conceptions de la zone de chalandise d’une pharmacie qui s’opposent, l’une restrictive, celle de la mairie, l’autre extensive, celle du pharmacien. Une querelle que le conseil régional de l’ordre n’a pas encore eu la possibilité d’évoquer en réunion, puisque la demande préfectorale ne lui a pas encore été faite. Un porte-parole de ce conseil s’interdit tout commentaire : « il est très difficile d’analyser un transfert tant qu’on n’a pas les éléments en main, les paramètres étant nombreux, mais il est vrai que changer de village est un peu difficile. »
Le conseil régional de l’ordre ne donnera son avis qu’après avoir été saisi de la demande préfectorale qui ne lui était pas encore parvenue début juillet. Le maire de Goudargues explique qu’en cas d’agrément préfectoral, il utilisera les recours disponibles. Le pharmacien, lui, se pliera à la décision du préfet si celle-ci est négative. Mais dans ce cas le problème de sa pharmacie située en zone inondable restera entier.
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