De quel droit interdisons-nous le port de la burqa (ou du niqab) en France, nous qui avons accepté le bikini sans rechigner et flattons les créateurs de mode qui nous proposent des tenues vestimentaires à la fois fabuleuses et impossibles à porter ? De quel droit nous opposons-nous à une pudeur exacerbée alors que nos admettons avec gaieté et insouciance les expressions printanières de la mode féminine qui ne lésine pas sur les larges décolletés et les jeans moulants ? De quel droit avons-nous passé une loi qui interdit la burqa alors que nous n’avons jamais prohibé les immenses et ridicules chapeaux de femme au début du siècle dernier, pas plus que les corsets à armature d’acier qui enserraient leur corps ?
Du droit du sol (jus soli) en quelque sorte. Il sert uniquement à justifier la nationalité française mais il nous incite aussi à ne pas tolérer que les femmes soient encagoulées ici et maintenant. Dès lundi, premier jour de l’application de la loi contre le port de la burqa et du niqab, il y a eu des rassemblements de femmes portant le voile intégral. Comme si l’usage de ce vêtement ne correspondait pas à un besoin irrépressible de cacher son visage, mais à la volonté de lancer une campagne politique et de chercher des émules.
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