Découverte de contre-indications, de surdosages, d’une prescription non conforme… L’intervention du pharmacien est-elle utile lors de la délivrance de médicaments ? Les officinaux peuvent-ils s’appuyer sur le dossier pharmaceutique (DP) pour sécuriser la dispensation ?
Deux études universitaires indépendantes, qui ont remporté un appel à projet financé par l’Ordre national des pharmaciens, permettent d’apporter quelques éléments de réponse très favorables à la profession.
Des ordonnances à corriger
La première étude (DOPI-OFFI) a analysé les interventions du pharmacien lors de la délivrance de médicaments sur ordonnance. 248 pharmacies ont ainsi rapporté, durant 6 semaines, plus de 73 000 interventions pharmaceutiques. Le pharmacien est intervenu pour des prescriptions non conformes (31 % des cas), des médicaments ou des dispositifs médicaux non reçus par le patient (28 %), des problèmes de posologie (16 %), des contre-indications ou des non-conformités (6 %) puis, dans une moindre mesure, pour des interactions médicamenteuses, des oublis de prescription, des redondances, etc.
Dans la moitié des cas, les interventions pharmaceutiques ont fait l’objet d’un appel au prescripteur qui, dans 92 % des cas, a accepté la proposition du pharmacien. Quant au DP, il a démontré son utilité, mais uniquement pour les patients de passage. « Le DP n’a jamais été utile pour les patients exclusifs de la pharmacie. Ce qui est logique, étant donné que ces patients sont bien connus de leur pharmacien. En revanche, le DP a été utile dans 17 % des cas pour les patients de passage (et dans 3,7 % des cas pour les patients réguliers). Ce qui est significatif », conclut le Pierrick Bedouch (faculté de pharmacie de Grenoble), coordonnateur de l’étude.
L’automédication, un contrôle nécessaire
La seconde étude (IPADAM) a évalué la qualité des interventions pharmaceutiques réalisées lors de demandes hors prescription de pseudo-éphédrine ou d’ibuprofène, durant deux semaines discontinues. Au total, 12 160 patients ont demandé spontanément ces molécules (isolées ou en association) au pharmacien, qui est intervenu dans 815 cas (soit 7 %).
« Un problème a été détecté dans 75 % des cas par le dialogue avec le patient et dans 10 % des cas grâce au DP. Ce taux concernant le DP pourrait être plus élevé, la moitié des patients observés ayant oublié leur carte Vitale, qui est indispensable à la consultation du DP », remarque Brigitte Vennat, doyen de la faculté de pharmacie de Clermont-Ferrand, coordonnateur de l’étude.
La raison qui a poussé le pharmacien à intervenir est, dans 50 % des cas, une contre indication (hypertension + pseudo-éphédrine, grossesse + ibuprofène, ulcère gastro duodénal + ibuprofène), dans 27 % une non-indication, dans 9 % un surdosage (lié le plus souvent à l’utilisation de spécialités différentes contenant la même molécule), dans 7 % des cas une interaction médicamenteuse (ibuprofène avec AVK, corticoïdes ou salicylés, etc.) et dans 7 % des cas une redondance de traitements (ibuprofène et kétoprofène, pseudo-éphédrine et naphazoline, etc.).
Le pharmacien a proposé le plus souvent une alternative thérapeutique, qui a été acceptée par 92 % des patients. Le rôle du pharmacien est d’autant plus important qu’il y a une méconnaissance flagrante des effets secondaires des médicaments par les patients : 38 % ne connaissent pas les principaux effets indésirables de l’ibuprofène et 30 % ne savent pas que cette molécule est contre-indiquée en cas de grossesse. De plus, ils ne sont pas conscients des interactions entre médicaments non prescrits et prescrits.
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