EN ISRAËL, des colons ont manifesté contre M. Obama dès avant qu’il eût prononcé son discours du Caire. Il fallait donc du courage pour dire leurs quatre vérités aux Israéliens, à savoir qu’ils doivent immédiatement geler la colonisation et entamer des négociations en vue de la création d’un État palestinien. Il en fallait tout autant pour dire, au Caire, que lien entre les États-Unis et Israël est « inaltérable » (unbreakable), ce qui aurait pu suffire à effacer l’immense ouverture en direction du monde musulman à laquelle s’est livré le chef de l’exécutif. Cependant, M. Obama s’est bien gardé d’annoncer un renversement des alliances, de se jeter dans les bras de ses interlocuteurs arabes ou musulmans, d’ignorer la menace que font peser les éléments extrémistes comme le Hamas (qu’il a appelé à la raison), le Hezbollah ou l’Iran. Au sujet du régime iranien, il n’en est pas moins convenu qu’il avait, comme tout autre pays, le droit de posséder des centrales nucléaires, mais pas celui d’avoir la bombe atomique (c’est une position identique à celle de la France). Enfin, il a appelé les Palestiniens à réunir le Hamas et le Fatah et à se donner un gouvernement d’union, capable de négocier avec Israël.
L’Amérique de Bush, c’est fini.
Quoi qu’il en soit des précautions qu’a prises le président des États-Unis, le gouvernement de Benjamin Netanyahou, qui refuse et le gel des colonies et la création d’un État palestinien, ne saurait prendre à la légère ce qui constitue bel et bien la feuille de route diplomatique de l’Amérique pour les années à venir. M. Obama veut d’abord apparaître comme le leader d’une grande puissance qui entend liquider son contentieux avec le monde islamique. Il a affirmé qu’il n’entendait pas maintenir les troupes américaines en Afghanistan. Il souhaite établir des relations apaisées avec l’islam sans pour autant sacrifier la sécurité des États-Unis.
Si M. Netanyahou a feint de ne pas le comprendre jusqu’à présent, le doute n’est plus possible : la solution du conflit israélo-palestinien ne passe pas par la solution du problème iranien, elle la précède. Le voyage de M. Obama au Caire a été bien préparé. Les conseillers juifs de M. Obama, au premier rang desquels Rahm Emanuel, dont le père est de nationalité israélienne, l’ont fait savoir au lobby américain d’Israël (AIPAC) : M. Obama n’est pas M. Bush et il n’approuvera pas n’importe quelle politique israélienne. Si le lien avec Israël est inaltérable, le lien avec le gouvernement Netanyahou est très précaire.
Il appartient donc au gouvernement de Jérusalem de savoir s’il peut vraiment s’offrir une crise avec les États-Unis, si même sa doctrine est viable au regard de son rejet par M. Obama. Il appartient aux Israéliens de se demander s’ils ont fait le bon choix en donnant à M. Netanyahou une majorité (d’ailleurs fragile) et s’il est logique que leur gouvernement actuel est fondé à remettre en question ce qu’ont fait ses prédécesseurs. Jusqu’à l’arrivée au pouvoir de M. Netanyahou, le projet d’État palestinien était officiellement admis en Israël et l’idée d’un compromis sur les colonies (évacuation totale ou partielle en échange de territoires) avait cours. M. Netanyahou ne tire sa légitimité (et son entêtement) que de sæs engagements électoraux, fondés sur le rejet de l’État palestinien. Certes, la violence du Hamas a renforcé l’électorat intransigeant, incarné par le mouvement d’Avigdor Lieberman, ministre des Affaires étrangères. Mais cela ne signifie nullement qu’il n’y aurait pas de majorité israélienne en faveur de la paix si celle-ci peut être obtenue par la restitution des territoires.
De leur côté, les pays arabes et le monde mulsulman doivent impérativement saisir l’occasion qui leur est fournie : ils n’auront jamais un interlocuteur américain qui leur soit aussi favorable. La question n’est pas de savoir si le deuxième prénom de M. Obama est Hussein ou si son père de naissance musulmane (mais athée) lui fait voir l’islam avec un regard compatissant, comme le rappelaient, non sans démagogie, les colons israéliens qui ont manifesté contre lui. La question n’est pas de savoir si « le moment n’a jamais été aussi propice à la paix », comme l’affirment certains. La question est de savoir si l’on peut éviter une conflagration au Proche-Orient dans l’année qui vient.
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