Mme Clinton n'aurait plus en effet, selon les sondages, qu'une cote de quatre points supérieure à celle du magnat de l'immobilier et, si elle ne parvient pas à dissiper au moins une partie de la hargne qu'elle inspire à ses détracteurs, elle risque de se retrouver en minorité. Certes, les sondages nationaux ne disent qu'une faible partie de la réalité du rapport de forces. Il ne faut pas oublier que les suffrages ne vont pas directement au candidat mais aux « grands électeurs » qui, dans chacun des 50 Etats américains, expriment leurs choix. C'est tellement vrai que, en 2000, le démocrate Al Gore a perdu contre le républiain George W. Bush, bien qu'il eût une faible majorité en voix d'électeurs et parce que son rival avait, lui, un plus grand nombre d'Etats.
Dans ces conditions, les instituts d'opinion sont formels : à l'heure actuelle, Hillary Clinton est largement en tête parce que, dans les « swing states », cette demi-douzaine d'Etats qui ne sont jamais acquis à un camp ou à l'autre, elle conserve une avance considérable sur Donald Trump. Mais le problème qui est apparu à la fin de l'été, c'est la force du mouvement anti-Hillary, qui se nourrit moins d'arguments que d'une haine viscérale. Beaucoup d'électeurs ne sont guère conquis par Trump, mais ils ne peuvent pas souffrir Mme Clinton. Ils sont très exactement dans la position de cette très forte majorité de Français qui, selon les enquêtes d'opinion, ne veulent ni de Hollande ni de Sarkozy. Le courant pro-Clinton n'est donc pas assez fort pour lui accorder la moindre certitude quant à sa victoire en novembre.
Pas de meilleur candidat.
On en conclura peut-être qu'elle n'est pas, en définitive, la meilleure candidate que le parti démocrate aurait pu se donner. Mais il n'y en avait pas d'autre. Si le sénateur du Vermont, Bernie Sanders, a mené à la primaire démocrate un combat courageux, ses idées étaient trop inspirées par le socialisme pour conquérir la majorité silencieuse. Aurait-il vaincu Mme Clinton qu'il eût offert la présidence à Donald Trump sur un plateau d'argent. Pourtant, M. Sanders faisait peser sur la société américaine une menace beaucoup moins grave que celle que Trump représente avec tant de fierté, d'arrogance et d'indécence. Sa vulgarité, ses délires idéologiques, son admiration tant de fois répétée pour Vladimir Poutine (« un président meilleur qu'Obama »), ses propositions insensées, comme la construction du mur entre les Etats-Unis et le Mexique et l'expulsion de onze millions d'immigrés clandestins, son machisme invétéré, son ignorance crasse forment en quelque sorte l'inventaire de tout ce qu'un bon président ne doit pas penser, ne doit pas être et ne doit pas faire.
Après l'intolérance du Congrès pour Barack Obama, ses origines et ses idées, après les excès réactionnaires du Tea Party, après le blocage des institutions par les républicains qui se traduit par l'absence de lois nouvelles et l'impossibilité d'acter la moindre réforme, il était souhaitable que le peuple américain dît avec force qu'il en avait assez de l'immobilisme et d'un conservatisme en vertu duquel les ventes d'armes ne sont pas réglementées dans un pays où l'on s'entretue à chaque coin de rue. Il fallait que le parti républicain fût assez sévèrement châtié pour qu'il se mît à réfléchir sur les causes d'un grave échec et sur les leçons de civisme et d'ouverture aux minorités à en tirer.
Il n'en sera rien si Trump l'emporte, évidemment. Mais si Hillary Clinton ne gagne que de justesse, elle sera poursuivie par les « affaires », et elle ne disposera pas forcément d'une majorité législative pour procéder aux changements dont l'Amérique a tant besoin. Elle pourrait donc remporter une victoire en trompe-l'œil, insuffisante pour lui donner les moyens éthiques et politiques qui amorceraient un nouvel essor américain.
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