ILS SONT 200 pharmaciens, 428 médecins et 894 vétérinaires à être inspecteurs de la santé publique. Leur rôle se définit par l’organisation de la réponse aux crises sanitaires majeures, le contrôle des installations sanitaires (de l’hôpital aux centres de distribution d’eau potable, en passant par les abattoirs et l’ensemble du circuit du médicament) et la surveillance des maladies émergentes ou contagieuses.
Alors que leurs effectifs stagnent ou baissent depuis plusieurs années, jamais les enjeux n’ont été aussi forts. Dans un monde globalisé, les échanges incessants, la recherche de la rentabilité et de la performance mettent la santé publique à rude épreuve. Les inspecteurs de la santé publique sont chargés de limiter les risques et d’éviter les dérives. Moins nombreux que par le passé, ils craignent d’être dépassés et de trouver la France démunie face à une crise sanitaire grave. « Cette année, nous perdons un poste dans la région Centre, cela s’était déjà produit il y a trois ou quatre ans à Lyon. Sachant que nous sommes généralement trois ou quatre par région, la fermeture d’un poste a de lourdes conséquences, alors même que la charge de travail est déjà très importante », explique Claude Rols, porte-parole du Syndicat des pharmaciens inspecteurs de santé publique (SPHISP).
En outre, les plans nationaux impulsés par le ministère de la Santé semblent moins ambitieux et il est de plus en plus difficile de mettre en place des plans régionaux ou interrégionaux. « Nous y parvenons, mais avec difficulté car nous manquons de temps et de personnes. Il n’est pas simple pour nous de faire du contrôle préalable et nos interventions sont principalement des contrôles pompiers, des contrôles sur problème », déplore le porte-parole. Les pharmaciens inspecteurs poursuivent cependant les contrôles en amont pour certaines installations incontournables.
Évolution des pratiques.
« On ne peut pas se permettre de faire l’impasse sur la réalisation des chimiothérapies, par exemple. De même, en officine on maintient les contrôles sur des thèmes particuliers comme la chaîne du froid ou les préparations magistrales », précise Claude Rols.
C’est pourquoi les pharmaciens inspecteurs interpellent régulièrement les autorités de leur situation, plus encore depuis qu’ils sont touchés par la Révision générale des politiques publiques (RGPP) qui devrait notamment aboutir au non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux (lors d’un départ à la retraite) et depuis que la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) consacre l’importance du rôle du pharmacien. « Nous aurons du mal à impulser cette politique, ou alors nous devrons le faire au détriment d’autres plans de contrôles. Nous devons pourtant accompagner vers plus de qualité et encourager l’évolution des pratiques. »
Sur 200 pharmaciens inspecteurs, 130 sont répartis dans les agences régionales de santé (ARS). Ce sont ces inspecteurs qui contrôlent les installations du circuit du médicament, hors industrie pharmaceutique. Ils inspectent donc les officines, les LABM, les grossistes-répartiteurs, les pharmacies hospitalières, les sociétés de distribution d’oxygène à domicile. La soixantaine d’autres pharmaciens inspecteurs travaille à l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS), au ministère de la Santé, à l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), etc.
Départ massif à la retraite.
« Le ministère de la Santé dit que nous sommes indispensables, mais qu’il faut respecter les impératifs de la RGPP. Au-delà de notre situation de pharmaciens inspecteurs, la question du contrôle a toujours existé, dans toute société, et elle est absolument nécessaire sur les questions de santé et de médicaments. Je ne pense pas qu’un gouvernement veuille s’en passer. En revanche, la possibilité d’une évolution du métier et de notre organisation est certainement à l’étude », ajoute le porte-parole.
Ce n’est pas une simple intuition du SPHISP. Alors que la moyenne d’âge dans la profession est d’une cinquantaine d’années, trois pharmaciens inspecteurs seulement vont être formés sur les six reçus au concours. « Nous avons comptabilisé huit départs à la retraite en 2010-2011. Un fonctionnaire doit se déclarer six mois à l’avance lorsqu’il souhaite prendre sa retraite et, pour le moment, trois ont indiqué leur départ. Il faudrait néanmoins pouvoir former les jeunes pharmaciens inspecteurs au terrain, l’idéal étant qu’ils soient épaulés par ceux qui vont partir à la retraite, et dont l’expérience est précieuse. »
Les pharmaciens inspecteurs ont choisi de tirer la sonnette d’alarme en compagnie de leurs homologues médecins et vétérinaires, également confrontés à un prochain départ massif à la retraite.
« Nous aimerions avoir la garantie du maintien de nos effectifs et la prise en compte de l’évolution des populations. Les régions côtières sont en progression, ce qui veut dire qu’il y a plus de structures, de professionnels de santé, et qu’il faut suivre en termes de contrôle. »
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