« RIEN NE VA PLUS, admet Jean Cathalifaud, président du syndicat de Haute-Vienne, établi dans le bourg d’Oradour-sur-Glane. Les adhérents me téléphonent depuis le début de la saison estivale pour marquer leur inquiétude, notamment en ce qui concerne les marges, principale source de mécontentement et de craintes économiques. La raison de ce blues est à chercher au niveau des trésoreries, ce qui nous a amenés au bureau fédéral à faire nos comptes : d’après notre recensement, 80 % des pharmaciens haut-viennois sont en difficultés. »
Si la fermeture de l’officine Bellachonne vient en fait d’un départ à la retraite, et du rachat par les trois confrères locaux du commerce de l’intéressé, on note malgré tout une désertification latente ou en gestation dans de nombreuses communes rurales – les successions et rachats s’annoncent plus que problématiques – et plusieurs licenciements de préparateurs ou de pharmaciens adjoints. L’ambiance est à la morosité, face à une chute des CA quasi générale, et un mécontentement qui se concrétise par le suivi de la grève nationale des gardes qui s’applique ici depuis juillet dernier.
Pour deux points de plus.
« Cette déprime est préoccupante, souligne le responsable syndical. Dans un commerce traditionnellement connu pour ne jamais être en faillite, ces mouvements négatifs inquiètent au plus haut point les jeunes qui s’installent mais aussi ceux qui tiennent boutique depuis longtemps. En fait, que demandons-nous ? Une augmentation de deux points des marges serait suffisante pour rétablir la situation et donner un peu d’oxygène à nos confrères, mais nous savons bien que cette décision politique n’est pas pour demain. Notre marge actuelle a été calculée en 1999, retouchée en 2006 pour être diminuée, en un temps où les prix des médicaments augmentaient et les volumes aussi. Aujourd’hui, c’est le contraire, et tout le monde comprendra le déséquilibre : entre nombre de boîtes commercialisées en baisse, et augmentation des charges, ce n’est plus la rentabilité assurée. Ajoutez des conditions démographiques négatives, des évolutions de la consommation, notamment en matière de para, et vous aurez les raisons du problème, sans avoir les solutions. »
Seule espérance, une négociation avec les pouvoirs publics, et un rééquilibrage entre les différents acteurs de la profession que réclament Jean Cathalifaud, les adhérents de son syndicat et les autres fédérations départementales. Le pharmacien d’Oradour souhaite voir récupérer une partie de la marge donnée à l’industrie, pour l’attribuer aux officines, ce qui permettrait au passage de ne pas pénaliser les patients. Passer à 24/25 % sur le remboursable au lieu des 18/24 % actuels serait l’idéal, en tenant compte bien entendu des disparités de chacun.
« Nous y travaillons, mais ce sera long, affirme le président haut-viennois. En attendant, nous savons qu’en limousin, notamment en Creuse ou en Haute-Corrèze, les situations de fragilisation se multiplient, qu’il est de plus en plus problématique pour les pharmaciens cherchant un successeur de vendre, que les médecins généralistes désertent nos campagnes, et que les regroupements d’officines ont pour principal résultat de priver des communes entières d’accès directs aux soins. Si on ajoute une démographie en baisse régulière, la concurrence des grandes surfaces pour tout ce qui n’est pas médicament, le désir des jeunes d’aller s’installer dans d’autres régions plus rentables, on a tous les paramètres d’un mal-être qui ne pourra que s’amplifier. »
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