MANUELS VALLS avait dénoncé la situation critique créée dans certaines villes par la présence des Roms dont il veut « reconduire la majorité à la frontière. Nous ne sommes pas là pour accueillir ces populations », a-t-il ajouté. Mercredi dernier, il a refusé de modifier ses propos. Jeudi, Cécile Duflot, à peine remise de la démission de Noël Mamère d’EELV, lançait l’offensive contre son collègue. Alain Vidalies, ministre des Relations avec le Parlement, estime que chacun des deux ministres « est dans son rôle ». C’est tout le problème. François Hollande ne veut pas désavouer Mme Duflot, qu’il estime, et qui apporte au gouvernement une caution de gauche. Il ne veut pas non plus tancer M. Valls qui lui fournit des arguments sur l’immigration propres à séduire les Français à six mois des élections municipales.
Pour ratisser large, M. Hollande veut être tout à la fois, le défenseur des pauvres mais pas forcément l’ennemi des riches, le protecteur des Français confrontés au choc culturel de l’immigration mais respectueux des « valeurs » républicaines, l’ami des entreprises mais aussi des salariés. Son équipe bigarrée lui donne autant de philosophies contradictoires qu’il y a de problèmes à résoudre. Dans cette équipe, on trouve sans difficultés un homme ou une femme pour chaque tendance idéologique. M. Valls, pour sa part, veut construire l’image d’un homme fort, capable d’une très grande fermeté tout en restant socialiste. Il n’a pas de chances avec les femmes : il s’est heurté à Christiane Taubira au sujet de sa politique judiciaire, trop laxiste à son goût. Voilà qu’il découvre une adversaire en Mme Duflot.
Le problème, pour le chef de l’État, c’est que, avec dix-huit fers au feu, il bâtit un programme incompréhensible pour ses administrés. Un président doit choisir et ne saurait entretenir le doute sur ses intentions indéfiniment. La chute de sa popularité vient non seulement d’une fiscalité excessive et de piètres résultats économiques, mais de son refus de trancher. Il dit qu’il veut une seule ligne, la sienne, mais elle n’est ni claire ni précise.
Réalisme et idéalisme.
À quoi il faut ajouter les déchirures du PS, partagé entre réalisme et idéalisme, et pour qui la confusion régnant au sommet est le signal qui libère toutes les paroles. Il y a ceux qui estiment, comme Mme Duflot, que décidément, la politique de M. Hollande « n’est pas de gauche » et ceux, moins nombreux il est vrai, qui voudraient que la majorité renonce une fois pour toutes à ses vieilles lunes et s’engage dans une gestion sévère et sans états d’âme du système qui nous régit tous. Les alliés d’EELV se querellent aussi tous les jours. Noël Mamère, député-maire de Bègles, quitte son parti, sous le prétexte qu’il est devenu une machine de participation au pouvoir impliquant le renoncement aux principes censés animer son action. Pendant que Cécile Duflot, du haut des valeurs républicaines, stigmatise M. Valls, M. Mamère laisse entendre que, pour rester au gouvernement, elle donnerait son âme. Bref, les conditions d’un réordonnancement idéologique entre purs et pragmatiques de la majorité sont réunies.
Ces jours-ci, la droite fait moins parler d’elle. François Fillon qui a cru bon de donner son feu vert à des alliances locales entre l’UMP et le FN et d’aller critiquer à Moscou la politique syrienne de la France, s’en est expliqué auprès des cadres de l’UMP et l’on s’est réuni autour d’un compromis idéologique qui ne change rien à l’affaire et même au petit scandale que s’est offert l’ancien Premier, soudainement passé du statut de sage à celui d’irresponsable. Tous ceux qui appartiennent à la droite classique savent qu’elle est gravement menacée par le Front national, mais tous jouent un jeu délétère qui repose sur l’idée qu’il est possible d’attirer vers d’autres partis les militants et les sympathisants d’une UMP affaiblie. Déjà les Fillon et Copé ont fait à peu près tout ce qu’il fallait pour décourager leurs amis. Maintenant l’UDI de Jean-Louis Borloo et le MoDem de François Bayrou songent à se réunir et à reconstituer l’UDF. Or l’UMP a été créée pour devenir un vaste mouvement rassemblant la droite et le centre-droit. Elle se transforme en animal blessé sur lequel s’acharnent l’extrême droite et le centre.
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