LE SYNDICAT des pharmaciens de l’Hérault est connu pour son dynamisme. Face à une baisse brutale de la substitution, qui pénalise les comptes de l’assurance-maladie, mais aussi les pharmaciens, il a lancé une opération coup-de-poing. Du 9 au 15 mai derniers, les officinaux de l’Hérault étaient invités à envoyer les ordonnances portant la mention non substituable présentées au comptoir à leur caisse d’assurance-maladie, que ce soit par courrier postal, par mail ou par fax. « L’assurance-maladie a commencé par les compter, puis, devant les piles d’ordonnances reçues, elle a fini par les mesurer ! En une semaine, ce sont plus de 8 000 ordonnances avec la mention NS qui sont parvenues à l’assurance-maladie, rien que pour le département de l’Hérault », explique Frédéric Abecassis, président du syndicat héraultais. Pour lui l’objectif est atteint : avec une telle avalanche d’ordonnances portant la mention NS en si peu de temps, l’assurance-maladie ne peut plus ignorer qu’il existe une volonté délibérée chez les médecins d’éviter la substitution. « Cela a marqué les esprits, les employés de l’assurance-maladie ont été agacés de recevoir cet afflux de courrier. Nous aurions aimé qu’ils fassent une analyse des ordonnances en question, mais cela n’a pas été possible. Nous allons recommencer l’opération après l’été, mais, cette fois, en accord avec l’assurance-maladie ; et nous aimerions qu’une telle initiative soit reprise au niveau national. »
Proies faciles.
L’opération prouve aussi que le pharmacien ne doit pas être forcément désigné comme le mauvais élève lorsque le taux de substitution baisse. « Depuis dix ans, 2,4 milliards d’euros ont été économisés par l’Assurance-maladie grâce à l’implication des pharmaciens », a rappelé le président du syndicat aux députés mardi dernier. Invité par Élie Aboud, député de l’Hérault et médecin hospitalier, avec une dizaine d’autres pharmaciens à se rendre à l’Assemblée nationale, il a pu s’exprimer sur la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) et en a profité pour élargir le débat. « Parmi les parlementaires rencontrés, certains sont médecins et se disent scandalisés par l’utilisation systématique de la mention NS. » Frédéric Abecassis a fait un point à la fois sur les attentes et le ras-le-bol des officinaux, en montrant du doigt « tous les contrôles dont nous sommes victimes ». Dernièrement, c’est la délivrance d’alcool pur aux particuliers qui pose problème. Les contrôles se multiplient, alors même que la jurisprudence n’est pas claire, les amendes pleuvent alors que les modalités d’une taxation sont encore inconnues. « On nous dit que les douanes vont lever le pied sur les contrôles mais, dans les faits, c’est faux. Dans le département, nous comptons trois à quatre contrôles par jour », s’irrite le syndicaliste. « Et je ne parle pas des contrôles fiscaux et des actions de la Sécurité sociale. Les pharmaciens sont des proies faciles pour faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’État. Il faut arrêter de nous prendre pour des truands ! »
Belles paroles.
Appelé à s’exprimer sur la loi HPST, Frédéric Abecassis s’impatiente surtout du retard du rapport de l’IGAS. « À Pharmagora, Xavier Bertrand nous l’a promis pour le 30 avril, en même temps qu’un ballon d’oxygène pour nos finances. On est en juin, on n’a rien vu et je n’entends personne s’insurger. C’est surprenant, car chaque mois qui passe, ce sont de nouveaux pharmaciens qui sont en difficulté et qui s’enfoncent. » Également président de l’union régionale de professionnelle de santé (URPS), Frédéric Abecassis continue de s’étonner. « On nous a présenté les URPS comme l’interface qui allait permettre la mise en œuvre de la loi HPST, on nous a dit d’être motivés, de voter, on a suivi les consignes, mais force est de constater que les Agences régionales de santé traînent des pieds pour nous permettre d’accéder à des postes qui sont pourtant légitimes. Mes rencontres avec d’autres élus d’URPS m’ont fait réaliser qu’on se pose tous les mêmes questions sur toutes les belles paroles qu’on a entendues. En attendant, on ne peut pas mettre en œuvre la loi HPST… »
En colère, Frédéric Abecassis a néanmoins le sentiment d’avoir été écouté. « C’est important d’être entendu par les gens qui votent les lois et qui, visiblement, n’imaginaient pas un tel ras-le-bol dans notre profession. Il faut aussi se rendre compte que les pharmaciens sont un petit problème dans le domaine de la santé et la santé est un petit problème dans la globalité de la Nation… »
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion