LE SERVICE de santé des armées se compose essentiellement de militaires de carrière : « Pour y servir, deux voies d’accès sont possibles : l’une, prépondérante, passer le concours après le bac, commun aux médecins et aux pharmaciens, l’autre, annexe, par recrutement, une fois diplômés », explique le pharmacien général inspecteur Jean-François Chaulet. Les pharmaciens peuvent être affectés dans les laboratoires situés dans les ports militaires, en toxicologie environnementale, ou à l’Institut de recherche biologique des armées… « Mais notre cœur de métier reste le ravitaillement sanitaire en opérations extérieures », souligne le pharmacien général inspecteur. Aujourd’hui, deux pharmaciens sont présents en Afghanistan et un au Tchad. En effet, tout le monde doit être prêt à partir en opérations, dans le cadre d’un hôpital ou d’une unité de dispensation des produits de santé (approvisionnement sanitaire des régiments et de l’hôpital). Néanmoins, les pharmaciens peuvent s’orienter vers tous les domaines possibles, et débutent leur carrière au grade de capitaine. Les grades vont de capitaine à pharmacien général et l’avancement se fait principalement au mérite.
Outre les militaires de carrière, le Service de santé des armées accueille des réservistes – dentistes, médecins… - venus de tous les horizons. Travaillant dans le service civil, ces hommes et ces femmes revêtent périodiquement l’uniforme pour venir renforcer l’armée professionnelle : « Depuis la loi du 28 octobre 1997 portant réforme du service national, le service militaire a été suspendu, rappelle le médecin chef des services, Luc Guillou. Avant la parution du texte, les appelés étaient réservistes de fait. Une réserve opérationnelle a donc été créée ensuite. »
Motivations et perspectives d’engagement.
Nostalgie, élan patriotique, attirance pour une vie différente offrant une rupture avec leur vie familiale et professionnelle… Les motivations sont multiples, tout comme les perspectives d’engagement. Première d’entre elles, donc, le ravitaillement sanitaire, piloté à Orléans à la Direction des approvisionnements en produits de santé des armées (DAPSA) : « Le pharmacien assure l’interface entre la direction du service de santé et les unités militaires. Il leur fournit les médicaments et le matériel médical dont ils ont besoin. Il commande les stocks et les contrôle. »
Deuxième mission éventuelle : servir dans la pharmacie d’un hôpital militaire. C’est le cas de Martial Fraysse, 44 ans, affecté à la pharmacie de l’hôpital d’instruction des armées (HIA) Bégin* depuis 2003, qui n’a pas quitté la réserve opérationnelle depuis son service militaire en 1990, effectué au Centre d’étude et de recherche de médecine aérospatiale (CERMA). Fort d’un DEA de pharmacologie et de neurosciences, ce pharmacien, titulaire d’une officine à Fontenay-sous-Bois, se réjouit de pouvoir mettre doublement au profit des patients ses connaissances. « Je travaille en fonction des besoins de la pharmacie à usage intérieur (PUI) de l’HIA Bégin. Ainsi, j’ai réalisé des études comparatives de médicaments par classes thérapeutiques, et travaillé sur les ordonnances de médicaments remboursés en sus des GHS. Ces dernières permettent de définir le cadre de remboursement de médicaments onéreux destinés à traiter des maladies graves. »
Lancement du DP.
Martial Fraysse contribue au bon déroulement des rétrocessions : vérification des titres de rétrocession des médicaments hospitaliers, rédaction des fiches thérapeutiques qui seront ensuite données aux patients et à leur entourage… « Mon engagement dans le Service de santé des armées me permet d’avoir une vision globale du médicament, et d’utiliser de façon différente mes compétences en pharmacologie, en les appliquant aux traitements hospitaliers. » Présent à l’HIA Bégin un lundi matin sur deux, il renforce ses connaissances en matière de molécules et d’interactions médicamenteuses. « J’ai toujours voulu être utile. Ici, mon métier me permet de voir comment on peut, par exemple, améliorer l’observance d’un traitement, ou adapter l’utilisation d’une molécule à une pathologie. » Dans le cadre de ses missions, l’officinal contribue également au lancement du dossier pharmaceutique (DP) qui va servir de pilote pour son application dans les autres hôpitaux militaires.
Autre poste essentiel pour les pharmaciens : l’axe nucléaire radiologique-bactériologique-chimique (NRBC) : ils travaillent ici sur des opérations de décontamination – chaque hôpital militaire possède un centre spécifique – afin de permettre le déploiement très rapide d’un plan d’action en cas de menace. Enfin, les professionnels de santé peuvent s’orienter – en fonction de leurs aspirations et de leur profil – vers la recherche ou les travaux d’état-major. Ils sont contactés en fonction des besoins, quand les personnes en poste partent en mission. Mais l’ordre ne se veut pas autoritaire : les réservistes acceptent leurs missions s’ils sont disponibles. Ils peuvent signer avec l’armée un contrat d’engagement d’un à cinq ans, et bénéficient d’une couverture sociale en cas d’accidents pendant cette période. « Le soutien de l’armée de réserve nous est essentiel, analyse le médecin chef des services Guillou. Nous avons besoin de renfort en cas de pics d’activités, car nos missions sont par essence irrégulières. L’appui des pharmaciens, professionnels du soin et du médicament, constitue une composante majeure du service de santé des armées. »
*L’hôpital d’instruction des armées Bégin est situé à Saint-Mandé (Val-de-Marne).
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