Le confinement n'est pas une discipline sévère ou inattendue pour les solitaires, les bergers de montagne, les misanthropes, les atrabilaires, les célibataires endurcis, les prisonniers, les veufs et veuves, les écrivains, les auto-entrepreneurs, les malades dans des chambres stériles, et j'en passe. Pour les autres, ce serait une calamité, sauf que l'on s'habitue à tout, pourvu qu'on en prenne le temps. Et dès lors qu'Édouard Philippe a annoncé au moins quinze jours de plus de confinement, voilà qui va nous endurcir. Ainsi le coronavirus nous met-il à rude école. Si les soignants se sont vite transformés en héros nationaux que l'on aplaudit tous les soirs à vingt heures, chacun d'entre nous, s'il survit, pourra faire le bilan de son confinement en nombre de jours et de nuits. Mais nous ne pourrons jamais mettre à notre crédit l'angoisse, la peur, le sentiment de n'être plus protégé, surtout quand on apprend que l'ami ou le voisin, qui semblaient aller fort bien, sont décédés. Le problème, avec cette épidémie, c'est que nous n'en avons aucun contrôle alors que nous croyions disposer de tous les instruments de notre sécurité.
L'amour d'autrui
Publié le 03/04/2020
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Richard Liscia
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3592
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