L’OBSERVATEUR le plus attentif de la scène politique aura été surpris par l’ampleur de la polémique soulevée par « le Canard ». Car tout travail mérite salaire. En outre, l’État encourage les retraités à retrouver un emploi, lequel, depuis 2003, n’est pas exclusif du versement d’une pension. À 66 ans, Mme Boutin a le droit de cumuler pension et activité professionnelle. C’est parfaitement légal. Sauf qu’elle touchait 18 000 euros net par mois et que le climat de crise actuel ne prédispose pas l’opinion à l’indulgence en la matière. Ce qui a conduit Éric Wœrth, ministre du Travail, à lui suggérer de renoncer à sa retraite. Christine Boutin a préféré acomplir sa mission sans être rémuinérée. Bon calcul : la pension est accordée pour la vie (elle a cotisé comme tout le monde pour la percevoir), tandis que la mission est circonscrite dans le temps. Elle touchait même à sa fin puisque Mme Boutin devait rendre son rapport avcant la réunion du G20 à Toronto le 22 juin prochain. Il est vraisemblable que le gouvernement va passer en revue les missions qu’il commande et qu’il les rémunérera avec plus de ciconspection, comme l’a reconnu Roselyne Bachelot, qui cumule elle aussi.
Dans cette affaire, il faut distinguer deux facteurs essentiels : le premier concerne la crise et son cortège de misères, le deuxième a trait à de grandes manœuvres politiques avant 2012. Frappés de plein fouet par une crise qui va les contraindre à réduire leur train de vie, les Français ne supportent plus que la classe politique continue à vivre comme si elle n’était pas concernée par des décisions, prises ou à venir, qui diminuent le pouvoir d’achat. Ils attendent des élus qu’ils contribuent aussi à la politique d’austérité. Or il ne se passe pas de jour que quelque privilège dont bénéficie un élu ou un ministre ne soit révélé, qu’il s’agisse d’un appartement de fonction ou d’un garde du corps qui ne serait pas indispensable. L’ancienne ministre, qui n’a jamais caché qu’elle était mécontente d’avoir été sacrifiée sur l’autel du plus récent remaniement gouvernemental, affirme haut et fort, qu’elle n’a pas été « achetée » par le président de la République, qu’elle garde entier son pouvoir de critique de l’action gouvernementale. « Il n’est pas encore né, dit-elle, celui qui me fera taire ». On ne veut que la croire, mais il n’est pas interdit d’avoir de l’ensemble de l’affaire une autre analyse.
Un geste stratégique.
Nicolas Sarkozy, en effet, prépare avec soin sa prochaine campagne électorale. Il est candidat à un second mandat, c’est sûr. Il n’ignore nullement que les sondages lui sont aujourd’hui infiniment moins favorables qu’en 2007. Il s’apprête donc à livrer une bataille difficile. Il a besoin de changer de stratégie. Celle de 2007 reposait sur le principe que nous appellerons Tour de France : essayer d’être toujours en tête pour gagner à la fin de l’épreuve. Il y a trois ans, il a donc fait le plein des voix de droite au premier tour et s’est présenté au second avec une avance qui a assuré sa victoire. Cette fois-ci, le système ne marchera pas. Une bonne partie de l’électorat du Front national, déçue par son action, est rentrée au bercail et votera de nouveau pour le FN ; en outre, M. Sarkozy est victime aujourd’hui de son ancienne stratégie : il a réduit l’influence de François Bayrou, il a fusionné les petits partis satellites, Nouveau Centre ou radicaux, avec l’UMP. Bref, il n’a plus l’indispensable réservoir d’appoint qui lui permettrait de triompher au second tour.
Le président est maintenant un funambule qui avance entre deux précipices. Au premier tour, une multiplicité des candidatures de droite risque de rééditer, pour l’UMP, la catastrophe subie par Lionel Jospin en 2002. Le leader socialiste a été éliminé au premier tour, ce qui peut arriver en 2012 à Nicolas Sarkozy. Lequel a donc décidé, à tort ou à raison, de tuer dans l’œuf toute velléité de candidature autre que la sienne à droite, sauf celle de François Bayrou, lequel obtiendrait un certain pourcentage de voix dont le président espère bénéficier au second tour. Cette stratégie implique que M. Bayrou, déçu par Martine Aubry, qui ne veut rien entendre d’une alliance avec l’UDF, « droitise » son discours et surtout qu’il soit le seul à concurrencer l’UMP. M. Sarkozy a signifié à Hervé Morin, chef du Nouveau Centre et Jean-Louis Borloo, président du parti radical, qu’il n’était pas question, pour eux, de se présenter. Ils ne sont pas obligés de céder à ses injonctions, mais comme ils n’ont pas vraiment l’espoir d’être élus, ils doivent prendre en compte les conséquences de leur attitude.
C’est dans ce contexte que M. Sarkozy a voulu ôter à Christine Boutin toute envie de se présenter elle aussi. Même si elle ne pèse que 1,19 % des voix, la pénurie incite le chef de l’État à ne pas s’en priver.
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