« LA SITUATION en Guadeloupe reste la même, tout est bloqué, les grandes surfaces sont fermées, les pharmacies qui se trouvent dans les galeries marchandes le sont aussi, je suis donc concerné et ce depuis le 20 janvier », déplore Henri Petit, président du syndicat des pharmaciens de Guadeloupe.
Rien n’a changé si ce n’est que la paralysie de l’île n’est plus la seule conséquence de la grève totale. Lundi, les forces de l’ordre sont intervenues pour démanteler des barrages sur les axes principaux et ont interpellé une cinquantaine de manifestants pour « entraves à la circulation » et « violences à l’encontre des forces de police avec jets de pierre ». De leur côté, des grévistes notent des « actions violentes » de la police envers les interpellés. L’un des responsables du collectif à l’initiative de la grève, LKP (Liannaj kont pwofitasyion - Collectif contre l’exploitation outrancière), a été blessé et a écopé de 5 jours d’ITT*. Même si le préfet a indiqué à l’AFP qu’il fallait « ramener à sa juste proportion » les blessures de M. Lollia, qui souffrirait d’une « plaie au coude et de fourmillement dans les jambes », la tension est montée d’un cran avec la déclaration du leader du LKP, Élie Domota, la semaine dernière : « Si quelqu’un blesse un membre du LKP ou un manifestant, il y aura des morts ».
Selon Henri Petit, les autres pharmacies situées en dehors des centres commerciaux fonctionnent mais doucement. Les rentrées d’argent continuent à se faire rares, aucun remboursement n’étant effectué par la Sécurité sociale, également en grève. « La situation est catastrophique, je ne sais pas comment on va s’en sortir, si on arrive à s’en sortir. J’ai mis mon officine en chômage partiel depuis plus de 10 jours, cela va bientôt faire un mois que je n’ai pas pu ouvrir. Plus le temps passe, plus les dettes s’accumulent ». Le pharmacien se refuse à parler de dépôt de bilan : « On fera ce qu’il faudra ».
Continuité des soins.
En Martinique, la situation n’est pas meilleure si ce n’est que la grève a commencé depuis moins longtemps. L’île traverse les épreuves déjà subies par la Guadeloupe avec un léger décalage. Ouverture parcimonieuse de stations services entraînant des files d’attente de 3 km, pénurie de gaz, fermeture des services publics et de la grande majorité des magasins. « Il reste quelques petits commerces qui ouvrent un peu mais les grandes enseignes, les entreprises sont fermées. D’abord à cause des piquets de grève », précise Marc Jean, président du Syndicat de pharmaciens de la Martinique. Le secrétaire d’État à l’Outre-Mer, Yves Jégo, a assuré samedi que l’État serait « très rigoureux pour faire respecter l’état de droit », visant notamment « un climat de terreur et de pression » sur certains commerçants pour qu’ils ferment leur magasin. « Les commerces sont fermés également à cause d’un manque de moyens financiers ou d’approvisionnement. Les conteneurs sont bloqués au port depuis une semaine, les magasins ne peuvent ouvrir vides. En revanche les pharmacies, exceptées celles des galeries marchandes, sont toutes ouvertes », indique Marc Jean.
Les officinaux tiennent effectivement à répondre à leur devoir de santé publique et de continuité des soins. À tel point que les personnels en grève s’arrangent pour que leur absence ne nuise pas au bon fonctionnement de leur pharmacie. « Ils défilent en dehors de leurs horaires de travail, se font remplacer, ils font de leur mieux pour ne pas pénaliser les patients. »
Rien n’est simple pour autant puisque les services de la Sécurité sociale sont aussi en grève à la Martinique, entraînant le non-paiement du tiers payant avancé par le pharmacien. « Je vais leur envoyer un courrier au nom du syndicat, avec une copie pour les services de l’État, pour leur expliquer qu’il nous faut un minimum de trésorerie pour assurer la permanence de soins. » Les banques étant aussi fermées, impossible pour les commerçants ouverts de déposer leur recette. « Cela crée des problèmes de trésorerie et nous empêche de payer nos fournisseurs. Nous avons quelques ruptures de produits à la marge mais nous sommes encore bien livrés, bien que l’un de nos deux grossistes se trouve dans une zone industrielle bloquée et contrôlée par les manifestants », précise Marc Jean.
Mesures immédiates.
Par ailleurs, le Centre départemental des professions de santé, qui regroupe 14 professions médicales et paramédicales, dont les pharmaciens, vient de rédiger une déclaration commune visant à attirer l’attention sur les problèmes de santé publique dus à la grève totale, de l’approvisionnement à la permanence des soins en passant par le ramassage des ordures.
De source patronale, un mois de grève ferait perdre environ 100 millions d’euros de PIB à la Guadeloupe et tout autant à la Martinique. Selon le président du MEDEF Guadeloupe, Willy Angèle, le nombre de dépôts de bilan serait, au bout d’un mois de grève, de 800 à 1 400, détruisant entre 8 000 et 12 000 emplois dans le secteur privé, sur un total de 79 000. Yves Jégo se dit néanmoins confiant quant à la fin de la grève en Martinique mais reconnaît que la situation est plus compliquée en Guadeloupe où il espère que le patronat va « formuler une proposition complète très rapidement ».
À la Réunion, un appel à la grève a été lancé par un Collectif de centrales syndicales, de mouvements politiques et d’associations regroupant 25 organisations, pour le jeudi 5 mars prochain. Ils exigent également des mesures immédiates : une hausse de 200 euros net des salaires, des minima sociaux, des retraites et des bourses étudiantes, une baisse de 20 % des produits de consommation courante, un gel des loyers sociaux et une baisse de 5 euros sur la bouteille de gaz.
« Actuellement, la Réunion ne connaît pas de blocage mais, pour les pharmaciens, les redressements judiciaires se confirment. Deux sont officiels, deux autres ne devraient pas tarder à l’être. Car rappelons que dans les DOM nous subissons les mesures nationales au même titre que les pharmaciens de métropole, mais aussi la baisse de marge de 3 % imposée en mai dernier. Nos études prévisionnelles nous montraient clairement ces problèmes de trésorerie des officines, malheureusement nos calculs étaient bons. Au mieux, nos chiffres d’affaires stagnent, mais ils sont plutôt à la baisse », souligne Patrick Gaubert, président de l’Union syndicale des pharmaciens d’officine de La Réunion. C’est pourquoi, d’ici à la fin du mois, il devrait participer à la rédaction d’une lettre ouverte au Premier ministre, ainsi qu’à l’envoi d’un courrier à François Fillon avec une copie pour Roselyne Bachelot. « Je ne sais pas encore si nous participerons à la manifestation du 5 mars, c’est encore loin », indique-t-il.
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