EN JANVIER DERNIER, les pharmaciens parisiens ont appris que leur système de gardes et d’urgence allait être modifié d’ici le mois d’octobre. L’ARS d’Ile-de-France a en effet constaté que seulement deux pharmacies assuraient le service de nuit, alors qu’un nombre croissant d’officines ouvraient les dimanches et les jours fériés : 85 en 2006 contre 128 en 2011, avec des inégalités dans leur répartition géographique. Désireuse de rééquilibrer l’offre, l’agence a souhaité revenir à une soixantaine de pharmacies ouvertes le dimanche et les jours fériés et atteindre entre 6 et 10 pharmacies de garde pendant la nuit. Les syndicats ont été chargés de cette régulation. Pour Jean Schies (UNPF), « la demande de l’ARS est légitime. À Paris, nous avions un système de dérogations depuis longtemps, mais il faut à présent rentrer dans les clous ».
Un collectif contre la réforme.
Cependant, cette réorganisation n’est pas du goût de tous les pharmaciens parisiens. Un collectif rassemblant 117 pharmaciens pratiquant l’ouverture dominicale s’est constitué pour protester contre ces mesures. Baptisé le « collectif des 125 », il dénonce des « écueils » dans les propositions de l’ARS et des syndicats et a lancé une pétition auprès des patients, qui a recueilli plus de 50 000 signatures. « Nous disposons de professionnels compétents pour accueillir la "bobologie" dans nos officines les dimanches, explique Laurent Sebban, président du collectif. Si nous devons fermer, les patients vont se détourner vers les urgences, ce qui provoquera une augmentation des coûts, de l’ordre de 400 € par prise en charge, mais aussi une surcharge des services. » Il rappelle également que les officines qui ouvraient le dimanche se sont déclarées « disposées à ne pas toucher un centime d’honoraire pour les gardes ».
« Le système actuel fonctionne et ne coûte pas grand chose, juge-t-il. En revanche, si l’on oblige certaines pharmacies à fermer le dimanche, elles risquent la faillite. Et, dans ce cas, qui va payer des dommages et intérêts pour ce préjudice ? Les syndicats ? » Outre la pétition, le « collectif des 125 » a sollicité les maires des différents arrondissements de la capitale, le Conseil de Paris, mais aussi la conseillère technique du ministre de la Santé, Christelle Ratignier.
Trouver une solution équitable
« Le sujet a pris un tournant très politique, regrette Jean Schies. Nous devons pourtant trouver une solution qui arrange l’ARS, les confrères et surtout les patients. Sinon nous serons obligés de faire un tour de garde avec l’ensemble des 1 050 officines parisiennes et tout le monde sera perdant. » En effet, les pharmaciens parisiens souhaitent plutôt rester sur une base de volontariat pour l’attribution des gardes. Mais cette année, le questionnaire envoyé par l’ARS a reçu beaucoup plus de réponses que les années précédentes : 217 pharmaciens se sont portés volontaires pour les dimanches et les jours fériés et 76 pour les nuits. « La question sur l’ouverture de nuit a été mal interprétée, car les pharmaciens pensaient que ceux qui accepteraient des gardes de nuit auraient le droit d’ouvrir tous les dimanches, ce qui est faux », souligne Andrée Ivaldi, présidente de la Chambre syndicale des pharmaciens de Paris.
L’ARS devrait donc envoyer un second questionnaire afin de déterminer le nombre réel de personnes intéressées par les gardes de nuit. Concernant les dimanches, les syndicats vont réfléchir à un système de roulement, pour tenter d’inclure tous les volontaires dans le dispositif. « Si deux pharmacies sont proches l’une de l’autre, elles pourraient ouvrir à tour de rôle le dimanche, explique Andrée Ivaldi. Il y aura une centaine de pharmacies de garde les dimanches et les jours fériés, mais pas toujours les mêmes. » « Nous allons essayer de faire au mieux, pour obtenir une répartition équitable et arranger un maximum de confrères », ajoute Jean Schies.
Dans tous les cas, le nouveau système de gardes devrait entrer en vigueur le 1er octobre 2011.
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