TITULAIRES, adjoints et préparatrices étaient venus, à l’invitation de Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens de Haute Normandie, prendre le pouls de la profession et exprimer leurs ressentis et leurs inquiétudes quant à ses évolutions. Ils ne furent pas déçus en prenant d’abord connaissance des statistiques sur les fermetures d’officines. Celles-ci ne traduisent pas seulement une recrudescence des dépôts de bilan, mais plutôt les fermetures liées à des regroupements d’officines en harmonie avec des mouvements de populations. Un constat que Luc Poulalion, représentant de l’agence régionale de santé de Haute Normandie, a saisi pour expliquer que son institution préconise, dans certaines zones géographiques de la région, des regroupements de professionnels de santé afin de maintenir un service de qualité. « Il n’existe pas en Haute Normandie, à proprement parler, de déserts pharmaceutiques, mais des zones sans médecins commencent à apparaître. »
Des évolutions incontournables.
Et pour enfoncer encore le clou, Jean Christophe Larant, le vice-président de l’Ordre Haut-Normand, de faire défiler études statistiques et démographiques qui permettent à l’assistance de découvrir ces zones sensibles.
D’autres graphiques désignent les endroits où le vieillissement rapide des médecins prescripteurs, qui ont beaucoup de mal à trouver des remplaçants, laisse augurer bien des problèmes.
La salle s’échauffe un peu sur ces thèmes. On entend parler de maisons de santé médicales communes qui pourraient bien intégrer une officine en parallèle… « À condition que les règles déontologiques prévoyant des issues propres à chaque établissement soient scrupuleusement respectées », précise Carine Wolf, qui tient ainsi à rappeler les principes déontologiques de base.
Autre thème, autre inquiétude, Justin de Bailliancourt, président de la section A de Haute Normandie, aborde, lui, les questions liées à un monopole en pleine évolution depuis l’arrivée d’Internet et de la vente de médicaments en ligne. Le juriste de formation explique que ce sont le plus souvent les règles établies à Bruxelles qui ont force de loi. « Même si, parfois, elles peuvent paraître incompréhensibles comme les listes de produits autorisés à la vente par correspondance ou en grandes et moyennes surfaces commerciales ? », interroge un participant, exaspéré par la multiplication des règles édictées par la communauté européenne.
Communication : ne pas faire n’importe quoi.
D’autres pharmaciens présents attendent que leur présidente aborde une question particulièrement sensible en Haute Normandie, notamment depuis l’arrivée d’une pharmacie Lafayette à Rouen, celle de la communication. De fait, cette ouverture a provoqué la multiplication des affichages promotionnels de prix dans des vitrines d’officines du centre-ville, peu compatibles avec les principes éthiques à la base de toute publicité officinale. Face à ce déchaînement, l’Ordre de Rouen a envoyé à tous les pharmaciens de la région, une lettre leur indiquant qu’il avait constaté « une escalade de dérives en termes de communication et de publicité (non-respect du tact et mesure dans l’affichage des vitrines, mention du terme « pharmacie » sur les camionnettes de livraison, communication médias, etc…). »
« Nous attirons votre attention sur le fait que, après deux mois à compter de la réception de ce courrier, l’Ordre mènera des actions à l’encontre des pharmaciens titulaires qui contreviendraient à la réglementation », était-il précisé dans le corps du courrier circulaire de la présidente. La date limite étant désormais dépassée, elle en tire les enseignements : « Ce courrier a eu pour effet de faire remettre nombre de vitrines aux normes légales », se félicite Carine Wolf qui avait préparé des mesures judiciaires désormais suspendues pour les pharmaciens repentis.
D’autres plaintes concernant, elles, des groupements de pharmaciens accusés d’avoir trop communiqué, notamment dans la presse multimédia grand public, suivent en revanche leur cours. Affaires à suivre.
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