« Tous les professionnels de santé sont obligés de travailler avec les autres professionnels et de partager avec le patient. Il faut l'écouter, comprendre comment il vit ses médicaments, quelle est son adhésion thérapeutique. Le pharmacien de ville doit jouer la carte de l'interprofession, notamment avec le monde hospitalier, et je suis convaincu que se met en place un alignement des étoiles favorable pour cela », affirme Eric Ruspini, pharmacien à Gerbeviller (Meurthe-et-Moselle), trésorier de la Société française de pharmacie clinique (SFPC), qui vient de tenir son 17e congrès à Lille (Nord).
Ce congrès a réuni près de huit cents participants, avec pour thème « l'accompagnement du patient dans son parcours de soins ». Quatorze ateliers ont permis aux congressistes de partager leurs pratiques, ateliers renforcés par des posters, en fait des écrans informatiques en libre-service, au contenu validé par le comité scientifique de la SFPC. Certains ateliers ont été animés par des pharmaciens d'officine, principalement du Nord. De nombreuses conférences plénières ont également permis d'aborder des questions plus scientifiques, voire philosophiques.
Parmi les thèmes abordés, on relève autant le rôle de la bière pour certains soins, que l'économie de la santé, ou les méthodes pédagogiques pour améliorer les compétences en pharmacie clinique.
« Nous sommes une société savante amenée à proposer aux autorités de santé des recommandations de pratiques, ou à permettre de partager les expériences. Nous devons suivre la pertinence de la prescription », explique Stéphane Honoré, pharmacien au CHRU de la Timone, à Marseille (Bouches-du-Rhône), et président de la SFPC. Créée il y a 34 ans, la société compte 417 membres, très hospitalo-centrés à l'origine. Mais son président observe qu'elle attire de plus en plus de pharmaciens d'officine depuis quelques années. « Les patients étaient moins polymédicamentés il y a encore quelques années, explique-t-il, et la dispensation se suffisait. Les prescriptions sont aujourd'hui de plus en plus complexes, c'est trop pour un humain, et on constate de plus en plus de non-conformités. »
C'est là qu'intervient l'intérêt de la pharmacie clinique. Son but est d'augmenter l'efficience de la prise en charge thérapeutique en associant le patient, en permettant au pharmacien d'apporter son expertise au médecin, une pratique déjà courante à l'hôpital. « Les pharmaciens d'officine sont en demande, ils sont moteurs à la société, poursuit Stéphane Honoré, parce que le virage ambulatoire entraîne le transfert des compétences de l'hôpital vers la ville. La mise en place récente, et rémunérée, des bilans de médication est le début de ce transfert. » Le président souligne aussi la « très forte demande junior », près de 250 congressistes étant de jeunes pharmaciens. « Le monde change par génération. »
En lien avec les médecins
« Le métier évolue, relève Grégory Tempremant*, pharmacien à Comines (Nord). Le bilan de médication permet de faire le pont entre pharmacien de ville et médecin : c'est le début d'une belle aventure, d'autant que médecins et pharmaciens commencent aussi leurs études côte à côte. » L'URPS pharmaciens des Hauts-de-France, avec le CHRU de Lille, va utiliser la compétence et les outils de la société et organiser dix réunions, dès ce mois-ci, en différents points de la région, présenter aux pharmaciens les objectifs de la pharmacie clinique, et les faire adhérer au bilan de médication. Dans le même temps, son président a prévu de rencontrer ses homologues de l'URPS médecins pour leur expliquer en quoi le bilan « sécurisera leurs pratiques ».
« Il existe une réelle volonté des pharmaciens de travailler en interpro, de créer des liens avec les médecins, pour avoir une approche globale du patient, poursuit Grégory Tempremant. C'était inscrit dans la loi HPST, promulguée en 2009. Il manquait le troisième volet, la rémunération. C'est fait. » C'est aussi une bonne conclusion pour ce congrès.
* Grégory Tempremant est président de l'URPS pharmaciens des Hauts-de-France, co-organisatrice du congrès, membre es-qualité de la SFPC.
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