BUDA OU PEST ? Surtout, ne pas choisir. Mais commencer peut-être par se balader sur les collines de Buda, « l’Allemande », qui, de l’autre rive du Danube, offre une vue splendide sur Pest, et notamment son Parlement néogothique. Surtout depuis le Bastion des pêcheurs, construit à la fin du XIXe siècle sur ordre de François-Joseph et baptisé ainsi en l’honneur des pêcheurs qui défendaient le quartier. Derrière, l’église Saint-Mathias, la plus ancienne de la ville, fondée par saint Étienne lui-même, en 1015. Elle a été pendant des siècles le lieu de couronnement des rois de Hongrie.
Nous sommes dans le quartier du château. Ce dernier, classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO, ne se visite pas, mais il est très agréable de se promener alentour, sur ces hauteurs, entre les maisons colorées, faire une pause dans un salon de thé, le bucolique Budavar par exemple, et pourquoi pas descendre dans le musée en caves (médiévales) de la Maison royale du vin. Ces caves, qui abritaient autrefois les bouteilles de la noblesse, sont devenues accessibles aux visiteurs depuis 2008. On y apprend l’histoire du célèbre tokay, vin liquoreux issu d’une pourriture noble qui vient de la ville de Tokay (ou Tokaji), à 200 km au nord-est de Budapest, près des frontières slovaque et ukrainienne. Le tokay a visiblement toqué notre Roi-Soleil, qui l’aurait proclamé « vin des rois, roi des vins » !
Pour rejoindre Pest, on pourra emprunter le majestueux pont des Chaînes, le plus ancien de la ville, puisque c’est celui qui, en 1849, a relié Buda à Pest. Ou bien le pont des Libertés et son petit air de famille « forgé » avec la tour Eiffel, nommé à l’origine pont François-Joseph, l’empereur l’ayant inauguré en 1896 à l’occasion du millénaire de la Hongrie. On tombera alors directement sur le grand marché central de Budapest. Imposant bâtiment, soutenu par des arcades en fer et des murs en brique, il accueille près de 300 exposants qui, dès 6 heures du matin, sont dressés derrière leurs armées de paprika, de foie gras, de charcuteries. À midi sonnant, les Budapestois viennent y manger un goulasch ou un chou farci, accompagné d’un verre de tokay sec. Au premier étage, une échoppe aux nappes à carrés rouges et blancs propose même des ateliers de cuisine, pour apprendre à faire le goulasch et les crêpes.
Les bains, de jour comme de nuit.
Pour les malheureux qui souffrent de mal de dos ou ceux qui sont simplement amateurs de bulles bien chaudes, Budapest, ville aux huit bains, devient presque une destination obligatoire, à se faire prescrire ! Depuis 1934, elle détient officiellement le titre de « station thermale ». Ce sont les Romains qui ont découvert les sources souterraines (près de 150 aujourd’hui) et les ont exploitées en bains curatifs. Plus tard, les Turcs ont eux aussi marqué de leur goût pour les soins du corps ces constructions, qui ont remarquablement supporté le poids des années.
Les bains de Budapest n’ont vraiment rien d’un joujou touristique, les Hongrois eux-mêmes y vont comme au salon de thé. On les voit souvent y disputer de longues parties d’échecs, c’est la fameuse carte postale. Les bains sont tous sous administration publique, lieux de soins. Les bains Széchenyi, bijou néobaroque situé dans le bois de Varosliget, en plein cœur de la ville, ont ainsi plusieurs entrées : une file d’attente est réservée pour les visiteurs qui présentent une ordonnance médicale, ce qui n’est pas rare. Les vertus de ces eaux médicinales, qui grimpent parfois jusqu’à 78 degrés, ne sont plus à démontrer et il est d’ailleurs possible de s’abreuver aux fontaines. Comme aux bains du splendide hôtel Gellert, lové au pied de la montagne Gellert (Gérard, en français… un évêque), qui, avec ses mosaïques, ses vitraux et ses colonnes et statues de marbre, offre un cadre grandiose et confortable.
Si, de jour, les jeunes boudent peut-être les bains, ils s’y retrouvent la nuit pour des cinétrips (surtout aux bains Rudas), furieuses « rave parties » dans l’eau, avec sons et lumières.
À toutes les époques.
Après (ou avant) le bain, on peut aller se rincer… l’œil place Roosevelt dans le hall du somptueux palace Gresham, expression magistrale de l’Art nouveau, là encore. Ou bien au café New York, créé en 1894 à la demande de la compagnie d’assurances du même nom. Si ce n’est pas l’heure du thé, faire comme si ça l’était ! Et déguster l’une de ces énormes pâtisseries hongroises à la maison Gerbeaud (le fondateur, suisse), un autre incontournable, place Vörösmarty.
La ville garde l’empreinte de son histoire et ce depuis sa construction, avec l’arrivée des sept tribus magyares dans le bassin des Carpates, dont les statues ornent la place des héros, tout au bout de l’avenue Andrassy. Sous terre circule la première ligne de métro, très jolie, construite en 1896. Le métro de Budapest est le deuxième plus ancien d’Europe, après celui de Londres. Il y a trois lignes à présent.
Au-dessus, au milieu des boutiques de luxe et non loin de l’opéra, bâti sur le modèle de celui de Vienne, de style néo-Renaissance, se dresse le terrible musée de la Terreur. Dans une scénographie spectaculaire, il montre comment le communisme s’est installé, avec ses procès truqués, ses emprisonnements... Il est censé évoquer également la Shoah, mais finalement peu de salles lui sont consacrées et l’amalgame entre ces deux périodes historiques est, paraît-il, assez critiqué. Avec ses 3 500 places, la synagogue de Budapest est la deuxième plus importante au monde, après celle de New York. Theodor Hertzl, fondateur du sionisme moderne, est né en 1860 dans la maison côtoyant la synagogue. Autour, l’ancien ghetto est peu visible, mais il constitue désormais un mémorial aux 10 000 Juifs jetés dans le Danube ou morts de froid ou de faim et aux 600 000 Juifs hongrois déportés alors qu’ils étaient particulièrement « assimilés » à la population. Aujourd’hui, c’est le quartier branché. Alors, tard, il faut passer au Szimpla, bar underground, joli bric-à-brac bohème qui donne une joyeuse idée de la jeunesse hongroise.
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