JADIS, les pharmaciens inspecteurs faisaient partie de l’armée, tout comme les médecins inspecteurs. C’est une ordonnance de Vichy, en 1941, partiellement ratifiée après guerre, qui a permis de définir le statut des pharmaciens inspecteurs de santé publique tel qu’il existe aujourd’hui. « Nous sommes le reflet de la pharmacie, notre métier évolue avec elle. Auparavant, les pharmaciens inspecteurs se consacraient au contrôle et l’accompagnement des officines, puis il a fallu s’intéresser à l’industrie pharmaceutique, à la répartition. C’est la raison pour laquelle l’Agence du médicament a vu le jour en 1993 », explique Frédéric Boël, président du Syndicat des pharmaciens inspecteurs de santé publique (SPHISP). Le statut des PHISP a commencé à évoluer en 1992, au moment où leurs missions se multiplient, le travail se complexifie et les crises sanitaires montrent l’importance de ce maillon. Mais aujourd’hui, le métier est chamboulé. Touchés par la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, ils vivent relativement mal la mise en place des agences régionales de santé (ARS). « Il s’agit d’un établissement public sous tutelle du ministère de la Santé, cela n’a rien à voir avec les services déconcentrés que nous connaissions. Le directeur d’une ARS met en œuvre sa politique et définit des priorités de mission, à enveloppe constante. Il y a autant d’organisations différentes qu’il y a d’ARS, mais nous en sommes aux balbutiements. »
Motifs d’insatisfaction.
Leurs craintes ? Perdre leur indépendance et voir leur mission première de contrôle (des officines, répartiteurs et industriels du médicament), disparaître au profit d’autres activités. « Nous ne sommes pas opposés à la réforme, mais nous ne voulons pas qu’elle se fasse au détriment de la qualité de travail et du service rendu au public. Les problèmes ne sont pas généralisés, il y a des ARS où tout se passe bien », ajoute Frédéric Boël. Des affirmations confirmées par une enquête menée par le SPHISP en septembre dernier, à laquelle 73 pharmaciens inspecteurs (sur les 140 qui travaillent en ARS) ont participé. Estimant avoir été peu associés aux réunions préparatoires à la mise en place des ARS, ils soulignent que la moitié des régions ont maintenu, sous un autre nom, l’inspection régionale de pharmacie. Dans les cas où les IRP ont éclaté, les motifs d’insatisfaction sont particulièrement nombreux : absence de travail en transversalité et de pilotage, cloisonnement par métier et par missions, éparpillement des ressources humaines, absence de vision globale, augmentation du nombre de niveaux hiérarchiques, lourdeur administrative, impression générale de régression, baisse de la présence sur le terrain, perte d’autonomie, dévalorisation du métier,etc.
Coup de bambou.
Néanmoins, relève Frédéric Boël, la mise en place des ARS a permis à nombre de PHISP d’exercer de nouvelles missions et d’élargir leur champ de compétence, « mais une amertume est largement palpable ». Si l’action des PHISP n’est pas bloquée, le président du SPHISP note néanmoins des disparités criantes entre régions, démontrant le manque de directive nationale claire. « À cela s’ajoute la nouvelle possibilité pour une ARS de recruter des pharmaciens contractuels pour pourvoir certains postes de PHISP. Or, nous considérons que notre statut de fonctionnaire nous permet de faire face à des tentatives d’influences, des volontés politiques locales, etc. Est également prévue la possibilité de recruter des contrôleurs sous contrat, donc sans la nécessité d’avoir le diplôme de pharmacien. Cette précarité du statut ne permet pas l’indépendance. » Un nouveau coup de bambou pour la profession qui se bat chaque année pour conserver et ouvrir des postes de pharmaciens inspecteurs supplémentaires.
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