LA DÉCISION de Standard & Poor’s est-elle injuste ? Elle ne l’est pas au regard des arguments invoqués par le gouvernement, qui insiste sur ses réformes, celle des retraites, celle du marché du travail (probablement la plus importante) la création de Banque publique d’investissement (BPI), le Crédit emploi compétitivité (CICE) qui a allégé le coût du travail pour beaucoup d’entreprises, le début du début d’une réduction des dépenses, une stabilisation fiscale promise pour 2015. On discutera du contenu de la réforme des retraites dont le gouvernement s’enorgueillit, et se montre fier de l’appliquer bientôt sans soulever de colère sociale. Mais c’est pour une très bonne raison : elle est totalement insuffisante, si l’objectif est de rééquilibrer le budget déficitaire des pensions. S&P’s remarque que le pays « a perdu de sa marge financière et n’est pas en mesure de réformer davantage à cause du chômage », et qu’il n’y a pas « de plan d’ensemble pour redéfinir les dépenses publiques et dégager un potentiel de croissance ».
Le ministre de l’Économie a cependant brandi un argument valable : il constate une contradiction entre les recommandations de la troïka (UE,FMI et BCE) pour ralentir le rythme de diminution des dépenses et la décision de S&P’s, agence qui a soutenu ce point de vue. Mais, si le gouvernement souligne ses efforts, il ne nous parle pas du tout des résultats qu’il a obtenus depuis bientôt dix-huit mois. Comme de juste, Harlem Désir appuie son argumentation, pour la millième fois, sur l’héritage laissé par Nicolas Sarkozy. Si ce moyen de défense avait la moindre valeur, il signifierait que M. Hollande n’a rien fait en un an et demi. La question, en effet, ne se pose pas en fonction des principes vertueux et du souci d’équilibre qui animent la politique gouvernementale. Elle concerne des résultats inexistants : pour le moment, le chômage continue d’augmenter, la dépense publique aussi, la dette s’accroît, le pouvoir d’achat est en baisse, le nombre de fonctionnaires a été évalué à 5,4 millions de personnes, soit plus de 20 % de la population active, et les emplois créés au titre des contrats lancés par le président Hollande sont presque tous aidés, donc financés par le contribuable ou par la dette.
Pas d’impact sur les taux.
C’est très précisément ce que dit S&P’s, qui perçoit la persistance du chômage comme le plus grand danger. Plutôt que d’entrer dans une polémique susceptible de mettre à nu les failles de nos réformes, le gouvernement aurait mieux fait de commenter a minima ce qui n’est après tout qu’une mauvaise note. Vendredi, dernier jour ouvré jusqu’à aujourd’hui, le taux d’intérêt à long terme obtenu par la France est passé de 2,158 à 2,185 %, ce qui n’est nullement négligeable quand on emprunte des milliards sur les marchés, mais qui n’obère pas du tout notre capacité à lever des fonds. En effet, si la sévérité des agences de notation agace prodigieusement les gouvernements, elle ne parvient pas à leur nuire. Quand la note des États-Unis a baissé, les taux d’intérêt pour les emprunts américains ont diminué au lieu d’augmenter. Ce qui montre que, comme tout le reste, les agences elles-mêmes sont entrées dans une phase de déclin. Jean-Michel Six, représentant de S&P’s pour l’Europe, a d’ailleurs atténué l’impact de la décision de son agence. Il estime, lui aussi, que la capacité de la France à emprunter n’est pas entamée. Mais il dit, en toute simplicité, ce que n’importe quel citoyen français pourrait dire : si la note avait été bonne, cela aurait signifié que les choses vont mieux. Sans être expert, on aurait plutôt le sentiment qu’elles vont mal.
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