COMMENT FAIRE monter le taux de natalité national et inciter les femmes à allaiter ? Peut-être en faisant valoir l’argument déroutant qu’il n’y a pas de mal à être un peu égoïste… Si la maternité est vécue en effet comme un don de soi parfois pesant, il s’avère au final que cet état est extrêmement bénéfique pour la santé personnelle des parturientes. C’est en effet ce que suggèrent les résultats de deux études américaines, l’une sur l’effet protecteur des ßhCG contre le cancer du sein et l’autre sur les bénéfices de l’allaitement dans les maladies cardio-vasculaires.
Les ßHCG comme agent antitumoral.
La première étude menée par le Fox Chase Cancer Center à Philadelphie vient d’être présentée au congrès annuel de l’American Association for Cancer Research. Si l’on en croit leurs résultats obtenus chez le rongeur, l’hormone ßhCG d’origine placentaire protégerait du risque de cancer du sein. Un moyen de l’éviter serait ainsi de conseiller aux femmes d’être enceintes et de l’être relativement tôt dans la vie. Il pourrait même être envisageable chez les femmes ménopausées nullipares d’administrer à visée préventive un traitement séquentiel à base de ßhCG. Le centre de Philadelphie avait montré antérieurement que l’hormone entraînait des modifications du tissu mammaire protectrices à long terme. Dans l’étude menée par Johana Venegas, les rates étaient exposées à un agent carcinogène après avoir reçu l’hormone pendant vingt et un jours, c’est-à-dire la durée de la gestation animale. Résultats : elles ont développé moins de cancers mammaires que les contrôles. Il semble même qu’une prise plus courte de ßhCG soit protectrice d’après des résultats très récents. Les rates vierges étaient ainsi réparties en quatre groupes : traitement de cinq, dix ou quinze jours et rates contrôles. Une fois le traitement administré, les petits animaux étaient exposés à un agent carcinogène. Il est apparu que 90,6 % des contrôles ont développé une tumeur mammaire, versus 71,4 %, 57,1 % et 15,4 % respectivement chez les animaux traités pendant cinq, dix et quinze jours. De plus, la tumeur était de taille plus petite en cas d’exposition aux ßhCG. Reste à savoir s’il existe un effet antitumoral chez l’humain. Des essais cliniques sont en cours chez des femmes non ménopausées nullipares pour évaluer cette hormone indiquée jusque-là dans les traitements de l’infertilité. Trois sites participent, deux aux États-Unis, dont l’un au Fox Chase Cancer Center, et le troisième en Europe.
Un effet 3 trente-cinq ans après.
Pour l’équipe de l’université de Pittsburgh, c’est l’allaitement qui se révèle particulièrement bénéfique à long terme. Plus longtemps les femmes donnent le sein, plus le risque d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral (AVC) et de maladies cardio-vasculaires. S’il était bien admis depuis quelques années que l’allaitement était bénéfique pour les bébés, ce n’était pas encore le cas pour les mères. Le Dr Eleanor Bimla Schwarz et seon équipe viennent ainsi de montrer que les risques de diabète, d’hypertension artérielle et d’hypercholestérolémie étaient plus faibles à la ménopause si la femme avait allaité pendant au moins un mois au cours de sa vie. L’équipe du Dr Schwarz s’est servi des données de plus de 139 000 femmes ménopausées faisant partie de la Women’s Health Initiative Study of Chronic Disease. Pour celles qui avaient nourri leur bébé pendant plus d’un an, le risque d’avoir un infarctus du myocarde, un AVC ou une cardiopathie baissait de 10 %. Les bénéfices s’exprimaient de façon prolongée dans le temps, jusqu’à trente-cinq ans plus tard.
2) Obstetrics and Gynecology, parution de mai 2009.
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