« Avec la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), nous sommes redevenus professionnels de santé », s'exclame Saliha Grévin, pharmacienne à Douai (Nord). Diplômée en 1991, installée depuis décembre 2000, co-titulaire avec trois confrères de la pharmacie du Pont d'Esquerchin, elle préside aussi une maison de santé que côtoie son officine. Là travaillent quatre médecins généralistes, quatre sages-femmes, trois kinés, un mésothérapeute, une infirmière, un orthopédiste, un ergothérapeute, un ostéo, etc.
Saliha Grévin présidait auparavant la plateforme de santé du Douaisis, un réseau de soins. « La maison de santé vient de la plateforme. Le réseau avait pour objectif d'amener les professionnels à se prendre en main, à monter en charge. » Au début du projet de la maison, elle a invité tous les professionnels du territoire, médecins, kinés, infirmiers. Dix sont venus à la première réunion et les demandes de chacun ont été mises sur la table, puis les dix sont repartis frapper à la porte de leurs collègues.
« Les gens ne veulent pas d'obligations, disent que je crois au Père Noël, que les charges seront trop lourdes », rappelle Saliha Grévin. Mais l'équipe se forme, et, à l'automne 2013, le premier noyau est prêt à établir le diagnostic territorial nécessaire au projet. « Cela a été facilité par le fait que je disposais de tous les éléments sociaux et médico-sociaux à la plateforme. » Le territoire est éligible à la politique de la ville, des subventions peuvent être demandées. Le projet de santé est rédigé, puis labellisé par l'agence régionale (ARS) en août 2014. Le projet peut démarrer, un architecte remplit ses cartons, deux sages, le sous-préfet de Douai et le député Marc Dolez, réunissent tous les élus. Une vingtaine de professionnels sont désormais concernés, dont les quatre pharmaciens, à titre individuel.
Retrouver sa place dans l'équipe de soins primaires
« On a construit ce projet pour un investissement de 1,7 million d'euros, reprend Saliha Grévin, dont 200 000 euros de la région, 80 000 euros de la ville, 120 000 euros de l'agglomération, et 40 000 euros de l'ARS pour le partage de l'information. » Une société civile immobilière (SCI) réunit les professionnels, tous à parts égales, et si l'un d'eux s'en va, il laisse sa part à son successeur. L'immeuble a été ouvert en juillet 2016, 760 m2 sur trois niveaux (accessibles), et 250 m2 pour les services publics. Kinés et ostéo sont au sous-sol, les médecins et infirmière au rez-de-chaussée, les sages-femmes et les salles de réunion à l'étage.
« Nous avons tenu à accueillir des services publics, PMI, planning familial, dépistages, service de santé du département, gériatrie, médecins hospitaliers, aide à domicile, à titre gratuit, pour rendre au quartier ce qui a été financé par des fonds publics. Les gens se sont demandé si c'était pour eux, tellement c'était beau, mais ce bâtiment est pour tout le monde », insiste Saliha Grévin.
Mais la titulaire se régale encore davantage dans les relations que crée la maison. Tous les professionnels disposent du même logiciel Chorus partagé. « Nous avons accès au dossier du patient, le consultons, et pouvons l'abonder. Je peux alerter un médecin parce qu'un patient ne suit pas ses prescriptions, les médecins appellent pour une ordonnance, l'information circule. » Des réunions mensuelles - préparées, assure-t-elle - permettent de parler des patients, des familles. Il leur arrive aussi de déjeuner ensemble dans la cuisine.
Des activités ont été créées, des ateliers comme la marche nordique, où le podologue et l'ergothérapeute aident une personne à « gérer ses bâtons ». « Des gens renoncent aux soins du fait de leur immédiateté, il faut leur apporter une éducation à la santé. »
« Le médicament est le cœur de métier du pharmacien, poursuit Saliha Grévin, et nous sommes payés par la solidarité nationale pour cela. Mais échanger avec d'autres professionnels est nécessaire. Il est indispensable pour un pharmacien de retrouver sa place dans l'équipe de soins primaires, et cela permet de lutter contre l'inégalité de l'accès aux soins. Depuis deux ans, je ne vois pas le jour, mais je me régale ! »
À signaler que deux autres maisons de santé travaillent en collaboration active avec une pharmacie sur la région (5 départements) : une à Bertry, l'autre à Lille, dans le Nord.
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