C’ÉTAIT en décembre 2011. En présentant son plan d’austérité pour éviter à l’Italie d’être dévorée à la sauce grecque, le technocrate Mario Monti dévoilait son projet de libéralisation de certaines professions, dont celle des pharmaciens. Cette réforme ciblait l’ouverture de 5 000 nouvelles officines grâce à la simplification des conditions d’installation des pharmaciens et à la réduction des règles en vigueur.
Premier point de cette remise en ordre : le numerus clausus, qui était auparavant d’une pharmacie par tranche entière de 5 000 habitants pour les communes de 25 000 résidents et de 4 000 pour les autres. Le nouveau dispositif prévoit une officine par tranche de 3 300 habitants et maintient par ailleurs, le concept de distance minimale de deux cents mètres entre deux pharmacies. Pour déterminer la distance entre deux officines, les modalités de calcul doivent tenir compte du parcours le plus rapide. C’est-à-dire « en empruntant la voie piétonnière la plus courte entre le seuil de la première pharmacie et celui de l’autre ». Une solution qui a provoqué et continue de provoquer de multiples différents et contentieux devant les tribunaux. Les autorités régionales et provinciales détiennent le monopole de la délivrance des licences d’exploitation. Elles doivent toutefois interpeller les centres sanitaires locaux avant de signer une autorisation.
Des pharmacies sur les autoroutes.
Autre nouveauté : les pharmacies peuvent être ouvertes dans les stations services implantées sur les autoroutes italiennes « à forte densité du trafic routier et équipées de services hôteliers et de restauration ». À condition toutefois de respecter une distance minimale de 400 mètres si une autre officine a déjà planté sa griffe sur le terrain. Une condition qualifiée de véritable casse-tête chinois par les avocats spécialisés dans les questions pharmaceutiques, qui s’interrogent sur « le concept de forte densité de trafic sur les autoroutes » et soulèvent des questions géographiques. Pour ouvrir une officine dans les grandes surfaces, les pharmaciens doivent s’armer d’un mètre et réclamer le plan de l’édifice qui devra faire 10 000 carrés, hors parking et espaces libres. La distance minimale entre deux officines doit être inférieure à 1 500 mètres.
« Cette libéralisation est une occasion perdue. Les pharmaciens qui voulaient ouvrir de nouvelles officines ont dû passer un concours il y a trois ans déjà. Depuis plus rien. Comme toujours, la bureaucratie s’en est mêlée et nous attendons les autorisations », se plaint une pharmacienne romaine, Carla Debernacoli.
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