LA SAGA DES MARQUES
ON DIT PARFOIS, en parlant d’une histoire, que la réalité dépasse la fiction. De la même façon, raconter la saga Friction de Foucaud va exiger du roman qu’il se mette au diapason de la réalité. Car, dans ce récit, les péripéties ne manquent pas… Au centre du sujet, une femme, Lucienne Merle, qui, tout en traçant sa destinée, va jeter les bases d’un produit légendaire. Mais cette femme est aussi, au cœur de la seconde guerre mondiale, une résistante convaincue. Pour preuve, s’il en faut, la bravoure avec laquelle elle cache dans son appartement marseillais un chimiste juif d’origine tchèque. En remerciement, celui-ci lui offrira une inscription au registre du commerce. Le cadeau n’est pas anecdotique car, en cette période d’après-guerre, la libre entreprise n’est pas encouragée. Le peu de matières premières disponibles oblige à encadrer tout élan industriel et, pour pouvoir exercer un commerce, il faut être enregistré. Pour Lucienne Merle, c’est un nouveau départ qui s’annonce. Jusqu’ici, elle s’était investie tant bien que mal dans la fabrication de savons. Mais c’est une autre formule, à visée cutanée elle aussi, qui va inscrire son nom dans l’histoire. Le tournant décisif a lieu à Paris, lorsqu’elle rencontre Maurice Colas, qui deviendra son mari. L’homme est également chimiste et passionné de substances végétales. Il met au point une formule liquide aux vertus antiseptiques dont les composantes naturelles allient cinq huiles essentielles à des extraits de camphre et de menthol : les effluves d’orange, de citron, de thym, de lavande et de romarin s’en dégagent. Mais l’étonnant mélange n’a pas pour seul but de ravir les narines. Appliqué par friction sur la peau, il se destine au traitement d’une affection cutanée très répandue chez les expatriés soumis aux climats chauds et humides : la « bourbouille » prend la forme de petites plaques rouges, des boutons de chaleur qui investissent l’épiderme, occasionnant démangeaisons et infections. Peu de remèdes existent alors pour endiguer l’exaspérante dermatose, si ce n’est les quelques préparations que veulent bien concocter les pharmaciens.
Essayez-le, adoptez-le !
La toute jeune formule est donc promise à un bel avenir. Reste à faire ses preuves… Mais, avant de la lancer sur le marché, il faut lui trouver un nom. Ici encore, l’intrépide Lucienne Merle est à l’œuvre, son imaginaire tout au moins. Elle voue en effet une réelle admiration à un personnage au destin hors du commun, le Père de Foucauld. Ce militaire devenu prêtre missionnaire va notamment s’illustrer en Afrique auprès du peuple Touareg dont il étudie la langue et la culture. Faisant référence au grand homme, l’ancienne résistante baptise sa formule Friction de Foucaud. Puis, avec l’aide de son mari, elle met ses flacons en caisse et les expédie auprès des militaires français alors engagés dans la guerre d’Indochine. Sur l’emballage, un message : « Essayez, et si le produit vous convient, adoptez-le ».
Nous sommes en 1946 et le laboratoire Merle vient d’être fondé. Sa raison d’être repose alors sur un seul produit, la Friction de Foucaud. Mais quel produit ! Conçu pour être appliqué en friction, il allie les bienfaits du massage aux pouvoirs des huiles essentielles. Bref, il fait merveille et sa réputation fuse. De l’Asie, celle-ci va gagner l’Afrique et les Antilles, partout où la France a posé ses valises. Et quand les coloniaux rejoignent l’hexagone, la magie continue d’opérer. Adeptes de la Friction, ils conservent leurs habitudes… Tant et si bien qu’ils découvrent de nouvelles vertus à la formule : à ses propriétés tonifiantes vient s’ajouter un effet sur les muscles et les articulations à la fois relaxant et assouplissant, très apprécié des sportifs. Des qualités dont Lucienne Merle va se servir pour lancer son produit dans les pharmacies de la métropole. Mais ici, point besoin de publicité. Le bouche à oreille fait son œuvre et les commandes s’enchaînent.
Grande forme.
Des années durant, la Friction de Foucaud va faire les beaux jours du « laboratoire de l’oiseau », comme on surnomme l’entreprise dans le milieu. À la fin des années 1970, Lucienne Merle passe la main à sa fille à qui échoit toute l’entreprise. Sans ciller, l’héritière va poursuivre l’œuvre de sa mère, développant même d’autres formules du champ dermocosmétique dont elle explore différentes voies : les soins du visage, l’univers du bébé, la cellulite, la couperose… En 1996, elle décide de confier les rênes du laboratoire à une pointure de l’industrie pharmaceutique, Philippe Lesieur, dont la famille s’est illustrée dans le commerce des huiles éponymes (mais ceci est une autre histoire). Dès lors, la Friction de Foucaud est le socle sur lequel va se développer une gamme entière. Son nom, « Grande forme », est sans équivoque. Son positionnement non plus. Elle relève de l’aromathérapie et de la phytothérapie et présente des formules de grande qualité (dénuées de paraben, phénoxyéthanol et huiles minérales) destinées au corps : un Gel jambes toniques, une Huile de massage revitalisante, une Huile du sportif et un Baume dynamisant sont les premiers à voir le jour. Ils se destinent, dans l’ordre, à activer la microcirculation, à dynamiser les muscles, à les chauffer et à soulager les points de tension. D’autres références vont rapidement les seconder : un Gel douche et un savon, une Crème podologique, une Friction capillaire (Capiquinine) et une Eau de soin douceur. La Friction originelle, pour sa part, accueille à ses côtés une version lait. Au total, ce sont onze références qui composent aujourd’hui la gamme Foucaud. Une expansion qui n’est pas prête de fléchir puisque deux lancements sont annoncés pour 2011, une huile relaxante pour le bain et une crème hydratante et tonifiante. Si l’on en croit la tendance, bien des chapitres, à l’avenir, devraient venir grossir la saga Foucaud… D’autant que c’est un fils, Christophe, qui préside désormais au destin de la marque (et du laboratoire Merle), celui à qui Philippe Lesieur a laissé la place en 2001. Sous sa houlette - et avec le concours du groupe EA Pharma que le laboratoire a rejoint en 2010 - la gamme Foucaud a déjà multiplié ses ventes par deux ! L’oiseau, on peut le dire, est entre de bonnes mains…
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