« RÉUNIR tous les mécontents, particulièrement ceux qui estiment que le montant de la cotisation ordinale n’est pas justifié en l’état actuel du rôle et des actions du conseil de l’Ordre envers les pharmaciens adjoints. » Tel est l’objectif du site Internet condylure* et du groupe Facebook** créés en décembre dernier par deux adjoints en officine. Les revendications du site « s’articulent autour de la reconnaissance et le respect du pharmacien adjoint, tant au niveau de nos employeurs, de l’équipe officinale en général, que du grand public qui ignore totalement notre statut », explique Olivier, l’un des initiateurs du projet. Adjoint depuis quinze ans dans le sud-est de la France, il s’insurge contre « l’inertie de l’Ordre envers les adjoints ». Selon lui, l’instance représente « les intérêts des titulaires » et ne devrait donc pas réclamer de cotisation aux adjoints. « C’est plus de la moitié des diplômés que l’Ordre laisse de côté », estime-t-il. Il dénonce notamment « l’augmentation irrationnelle du nombre de diplômés, qui crée un véritable dumping social en poussant la concurrence entre adjoints pour obtenir un travail et laisse sur le carreau des milliers de désœuvrés ». Autres motifs d’exaspération : « l’ouverture aux sociétés libérales qui permettent la concentration de pharmacies aux mains de grands propriétaires » et « le barrage systématique de l’accession des adjoints à des responsabilités individuelle sorties de la tutelle d’un employeur. La cotisation ne nous apporte absolument aucune prérogative propre à notre exercice quotidien, puisque nous ne sommes pas rémunérés à l’acte comme d’autres professions libérales, s’insurge-t-il. De plus, aujourd’hui l’installation devient pratiquement impossible ». Pour lui, l’instance mène carrément « une politique anti-adjoints ». Il juge donc « parfaitement illégitime une cotisation à un tel montant. En comparaison, une infirmière libérale paie 60 euros, contre 241 euros annuels pour nous », rappelle-t-il.
Olivier a d’abord lancé son coup de gueule sur le forum Pharmechange, puis a décidé d’ouvrir un autre site avec l’aide d’un confrère. Pour le moment, une vingtaine d’adjoints l’ont contacté pour manifester leur soutien à son action. C’est encore peu, mais il espère que le mouvement va prendre de l’ampleur. « Nous sommes un groupe professionnel particulièrement isolé et souvent timoré. On sent bien une véritable exaspération monter, mais les confrères n’osent pas toujours s’exprimer », déplore-t-il.
Parmi les dossiers qu’il souhaiterait voir défendus par l’Ordre, Olivier cite la « diminution drastique du numerus clausus pour redonner de la valeur à notre diplôme, la libéralisation partielle des installations, ou le blocage des concentrations et des dérives des prix de ventes des officines ». Il voudrait également que l’Ordre plaide auprès des pouvoirs publics pour « une refonte des rôles et prérogatives des pharmaciens », avec une tarification individuelle des actes tels que la surveillance des prescriptions et de leur observance ou des actes de santé publique.
3,9 % du budget pour la section D.
Le président de la section D de l’Ordre des pharmaciens, Jérôme Parésys-Barbier, s’offusque de ces attaques (voir ci-dessous l’entretien qu’il nous a accordé). Pour lui, elles proviennent d’un « groupe minoritaire d’adjoints, qui se cachent derrière des pseudonymes. En onze ans de présidence, je n’ai jamais été interpellé sur le sujet », s’étonne-t-il. Pour justifier la cotisation, il rappelle les nombreuses missions de l’Ordre. L’instance est en effet garante de l’éthique et de la qualité d’exercice pour toutes les branches de la profession. En 2011, son budget global a atteint 34,03 millions d’euros, en augmentation de 1,55 % par rapport à l’année précédente. Alors que le budget commun à toutes les sections représente 54,7 % de ce montant, la section D a reçu 3,9 % du total, soit environ 1,3 million d’euros. Sur 241 euros de cotisation payés par un adjoint, 177 euros viennent ainsi alimenter le budget commun à toutes les sections, 9 euros représentent la part nationale et 55 euros reviennent à la section D.
Comme l’indique le livret d’accueil destiné aux adjoints nouvellement inscrits, cet argent est essentiellement utilisé pour deux grands postes de dépenses : l’action des 64 conseillers ordinaux, chargés de rencontres et de missions en région, d’échanges avec les autres sections et des relations avec les autres institutions ; et l’activité du personnel administratif (un pharmacien chef de service, un juriste, une adjointe administrative et dix collaborateurs). Ces derniers s’occupent de la préparation des travaux du conseil, du bureau et des chambres de discipline, de la tenue du tableau de l’Ordre et de l’examen des dossiers de demandes d’inscription avant validation par le conseil. Ils sont aussi chargés de répondre aux adjoints, que ce soit par courrier, par téléphone ou par courriel. Les adjoints peuvent ainsi poser à l’Ordre toutes leurs questions concernant les nouvelles réglementations, les problèmes de stupéfiants, les cas de comptoir, le portage de médicaments, etc.
Par ailleurs, l’Ordre axe ses actions autour de ses quatre missions, inscrites dans le code de la santé publique. Il est en effet chargé de faire respecter les devoirs professionnels, en contrôlant l’accès à la profession et l’inscription de chaque pharmacien en exercice au tableau de l’Ordre, ainsi qu’en sanctionnant les manquements ou fautes professionnelles. Le budget consacré à cette première mission s’élève à 7,4 millions d’euros pour 2011-2012. Depuis 2010, l’Ordre est le guichet unique pour l’exercice de la profession, grâce à la mise en place d’un répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS), commun entre les Ordres, l’assurance-maladie et l’État. L’instance défend également l’honneur et l’indépendance de la profession, avec une enveloppe de 500 000 annuels pour la lutte contre l’exercice illégal de la pharmacie et de 100 000 euros pour la protection des marques (Caducée et Croix verte). Sa troisième mission est de veiller à la compétence des pharmaciens. Pour cela, des outils divers sont mis à la disposition des confrères : journal, lettre électronique, cahiers thématiques, etc. Le tout pour un budget d’1,76 million d’euros, auxquels s’ajoutent 79 500 euros en 2011, pour la refonte du site Meddispar, consacré aux médicaments à dispensation particulière. De plus, l’Ordre devra bientôt contrôler l’obligation individuelle de développement professionnel continu (DPC) des pharmaciens. Enfin, l’Ordre des pharmaciens doit contribuer à promouvoir la santé publique et la qualité des soins. Le Cespharm, commission spécialisée dans la prévention et l’éducation pour la santé, propose ainsi gratuitement sur son site des documents utiles aux pharmaciens. Son budget s’élève à 897 000 euros. Le développement du dossier pharmaceutique, dont le coût annuel atteint 4,3 millions d’euros, entre également dans ce cadre. Il permet désormais de diffuser les alertes sanitaires et les retraits de lots. Les conseils régionaux de l’Ordre (CROP) disposent quant à eux d’un budget total de 6,4 millions d’euros.
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