Le président de la République est bien téméraire. D'aucuns pensent que les ordonnances, chez lui, sont une manie. Partout, on dénonce son autoritarisme, sa volonté apparente de passer au-dessus des corps constitués et même de se dispenser de l'avis des élus puisqu'il envisage de limiter le droit d'amendement des parlementaires. D'autres disent qu'il s'expose en permanence à l'impopularité, qu'il multiplie les provocations, qu'il lui est facile d'assumer ses coups de force, comme il le répète sans cesse, mais que la grogne monte. Le seul moteur de sa hâte fiévreuse, c'est la nécessité d'aller vite, non seulement de réformer, mais de le faire à grands pas, parce qu'il ne voit pas d'autre manière de devancer la coalition des mécontentements. Certes, cela ne va pas sans poser quelques questions d'ordre démocratique. Mais qu'est-ce qui compte le plus, le changement que M. Macron appelle transformation, ou la mauvaise humeur des Français ?
Le président et le Premier ministre ont certes beaucoup perdu en popularité, mais, dans l'affaire de la SNCF, on perçoit comme une évidence historique. Il est impossible de laisser notre infrastructure ferroviaire en l'état. La SNCF a 45 milliards de dettes. La retraite des cheminots n'est en rapport ni avec la pénibilité actuelle de leur travail, ni avec la démographie et la longévité. Le service laisse à désirer, c'est le moins que l'on puisse en dire. L'Europe nous contraint à introduire la concurrence en 2020, ce qui fera baisser les prix. Le fameux « cheminot-bashing » n'est l'œuvre que de quelques médiocres analystes. Les cheminots sont respectés. Leur métier est à la fois indispensable et magnifique. Ils assurent la sécurité du voyageur, la ponctualité, la surveillance des machines. Ils ne sont pas responsables de la dette, accumulée au cours des ans par le lancement des voies TGV (tout le monde en France veut avoir son train à grande vitesse). Il ne s'agit nullement de les traîner dans la boue, mais de leur faire comprendre qu'ils ne pourront pas continuellement à vivre avec des déficits et une dette colossale.
Deux hypothèses
Le gouvernement a d'ailleurs fait une concession essentielle en annonçant qu'il maintient les « petites » lignes. Il ne touche pas au statut des cheminots actuellement en exercice ni à l'âge de leur départ à la retraite. Il prend la dette à sa charge, c'est-à-dire à celle du contribuable, ce n'est pas rien. En échange de quoi, il souhaiterait aller vite et ne pas se heurter à l'obstination des cheminots. M. Macron avait-il prévu la décision des syndicats ? En tout cas, il est bien peu probable qu'il recule. De sorte que la bataille du rail devient du même coup celle que le pouvoir ne peut pas perdre. L'affrontement laissera le pays exténué, l'opinion en colère. Mais il est impossible de dire si elle va se retourner contre les syndicats ou contre le gouvernement. Les manifestations de retraités, la colère des élus qui n'acceptent pas la limitation de l'amendement, les effets négatifs de la hausse de la CSG peuvent entraîner une crise sociale sérieuse.
La vraie question, pour la France d'aujourd'hui, concerne-t-elle pour autant l'excès d'autorité du président où l'usage répétitif des ordonnances ? Non, elle porte sur la modernisation du pays. Il ne s'agit pas seulement du Code du travail, pas seulement de nos voyages en train, pas seulement de la révision de la Constitution. Dans ce monde de plus en plus dangereux et pervers, nous devons réduire le volume de l'Etat, nous adapter à une mondialisation cruelle mais inévitable, et, surtout, développer l'entreprise privée, la seule à créer des emplois. Il n'y a que dix mois que Macron est au pouvoir. N'importe quel président à le droit d'avoir un peu de temps pour appliquer son programme. On pourra toujours lui reprocher ses erreurs, comme on l'a fait pour ses prédécesseurs. Mais voyons d'abord ce qu'il est capable d'accomplir.
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