AUJOURD’HUI, à l’occasion de la 24e Journée de l’Ordre des pharmaciens, l’instance doit signer une convention-cadre avec l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS). L’objectif est de renforcer la sécurité des produits de santé mis sur le marché, mais aussi celle des patients. Cette collaboration prévoit notamment une nouvelle procédure de rappels et de retraits de lots, plus rapide et plus efficace que l’ancienne. « Jusqu’à présent, lorsque le pharmacien responsable d’un laboratoire avait connaissance d’un incident dans la chaîne du médicament, il devait en informer immédiatement l’inspection de la pharmacie », rappelle Jean-Pierre Paccioni, président du conseil central de la section B. L’Ordre avait passé une convention portant sur les rappels et les retraits de lot avec le LEEM (les entreprises du médicament) et la chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP). Les rappels de lots validés par l’AFSSAPS étaient transmis par fax aux grossistes-répartiteurs par le pharmacien responsable. Puis, le texte était ressaisi et transmis par les grossistes aux pharmaciens, grâce à un bordereau glissé dans les bacs de livraison des médicaments. « L’information arrivait à la pharmacie en 48 heures environ, le message était limité à 738 caractères et les multiples saisies étaient sources d’erreurs », pointe Jean-Pierre Paccioni.
Grâce à la nouvelle procédure, l’information devrait être relayée beaucoup plus rapidement via le DP. Le pharmacien responsable du laboratoire transmettra l’information, validée par l’AFSSAPS, à l’hébergeur du DP, qui la relaiera immédiatement à toutes les pharmacies connectées. En 17 minutes, l’information sera affichée sur tous les écrans d’ordinateur, sous forme d’un message qui bloquera les postes jusqu’à ce que le pharmacien déclare l’avoir pris en compte. « Le dispositif sera disponible 24 heures sur 24 et sept jours sur sept », souligne Jean-Pierre Paccioni. D’après Dominique Maraninchi, directeur général de l’AFSSAPS, « ce système devra être bilatéral : les lots devront aussi remonter à ceux qui les ont produits, afin d’être détruits. Cela permettra de garantir la traçabilité de tous les lots jusqu’à leur destruction ».
Alertes sanitaires.
Ce dispositif enrichit donc à nouveau le DP, qui avait déjà gagné de nouvelles fonctionnalités depuis son lancement en 2008. En effet, depuis le 7 juillet 2010, il permet aussi de relayer les alertes sanitaires, provenant de la Direction générale de la santé (DGS-urgent), voire de l’AFSSAPS. La première alerte diffusée via le DP concernait les pharmaciens du Nord-Est de la France, au sujet de l’augmentation des cas d’infection à hantavirus. Plus récemment, le 8 juillet 2011, une mise en garde de l’AFSSAPS a été transmise à toutes les officines raccordées, sur l’utilisation de la dronédarone (Multaq) chez les patients atteints de fibrillation auriculaire. Six alertes de ce type ont été diffusées sur l’ensemble du réseau entre janvier et août 2011.
D’autres alertes ont ciblé plus précisément les pharmaciens d’une région ou d’une zone particulière. Le DP a par exemple été mis à contribution lors de l’incident sur le site nucléaire de Marcoule, le 12 septembre dernier. « C’était un peu la panique là-bas. Personne ne savait s’il fallait que les gens prennent des pilules d’iode ou non. Nous nous sommes immédiatement renseignés pour connaître la procédure à suivre, puis nous avons pu envoyer très rapidement un message, via le DP, aux pharmaciens concernés, pour leur indiquer ce qu’il fallait faire », indique Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l’Ordre.
Expérimentation ville-hôpital.
Outre ces nouvelles fonctionnalités, le DP a également été testé à l’hôpital. L’expérimentation s’est déroulée pendant neuf mois, entre juin 2010 et février 2011, dans cinq pharmacies à usage intérieur (PUI) de centres hospitaliers, à Hyères, Metz-Thionville, Nancy, Nîmes et Nice. Elle portait sur les médicaments de rétrocession dispensés par les pharmaciens hospitaliers aux patients ambulatoires. Au CHU de Nîmes par exemple, entre septembre 2010 et janvier 2011, 103 dossiers pharmaceutiques ont été créés, 311 consultations de DP ont été comptabilisées, et 337 médicaments en dispensation hospitalière ont alimenté le dossier. Seulement 6 refus de création ont été enregistrés, souvent car les patients craignaient un manque de confidentialité ou un piratage de leurs données. Cette expérimentation a permis de montrer l’intérêt pour les pharmaciens de disposer du traitement complet des patients, afin d’augmenter la sécurité des délivrances. L’Ordre souhaiterait désormais l’étendre à un nombre plus important d’établissements sur l’ensemble du territoire, mais aussi en ouvrir l’accès à certains médecins hospitaliers, tant que le dossier médical personnel n’est pas opérationnel. La balle est dans le camp de la CNIL*, qui doit donner son autorisation.
Le DP continue donc à évoluer, et il est désormais reconnu par les instances sanitaires. Comme le souligne Dominique Maraninchi, « les pharmacies sont à l’avant-garde avec le DP. Ils ont prouvé que c’était possible et utile ».
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