Il passe aujourd’hui son grand oral devant le Parlement européen, figure imposée pour les 26 commissaires européens de l’équipe « Barroso 2 ». Aux manettes de la santé de l’Union, le maltais John Dalli succède à la chypriote Androulla Vassiliou.
IL SERA LE NOUVEAU monsieur santé de la Commission européenne. Nommé commissaire à la Santé et aux Consommateurs dans la nouvelle Commission européenne dite Barroso 2, le Maltais John Dalli y aura des attributions nettement plus larges que celles de son prédécesseur, la Chypriote Androulla Vassiliou à qui échoit le portefeuille de l’Éducation et de la Culture.
Car le secteur du médicament, jusque-là dépendant des services de l’Industrie, sera dorénavant entièrement rattaché à la commission de la Santé, comme le réclamaient depuis longtemps les professionnels du secteur. En outre, la commission de la Santé, loin de se cantonner à la « protection de la santé », comme par le passé, développe désormais de nombreux programmes de santé publique et s’intéresse à des sujets jusque-là peu couverts par ses services, comme les questions d’égalité et d’accès aux soins et de l’optimisation des systèmes de santé. C’est aussi la commission de la Santé qui a préparé, ces dernières années, la fameuse directive sur les soins de santé transfrontaliers, texte adopté du bout des lèvres par le Parlement européen début 2009, puis enterré de facto par les États quelques mois plus tard.
Grand oral.
Grande figure de la politique maltaise, John Dalli, comptable de formation, a été ministre pendant plus de vingt ans dans son pays (successivement aux Finances et aux Affaires économiques, aux Affaires étrangères et à la Promotion des investissements), avant de devoir quitter ses fonctions suite à un scandale financier portant sur l’achat d’équipements d’imagerie médicale, dont il est toutefois sorti totalement innocenté par la justice. Âgé de 61 ans, il est redevenu en 2008 ministre de la Politique sociale de Malte, et prendra sauf surprise ses fonctions à Bruxelles le 1er février. Il est auditionné aujourd’hui par la commission des Affaires sociales du Parlement européen, à laquelle il doit présenter son programme et ses objectifs. Cette procédure, qui concerne les 26 commissaires européens, s’achèvera le 26 janvier lors d’une session solennelle du Parlement. La nomination des 26 sera alors officiellement entérinée, sauf si l’un ou l’autre des nouveaux commissaires devait être « recalé » lors de ces auditions, ce qui reste toujours possible.
À l’heure où la Commission s’intéresse de plus en plus aux systèmes de santé, et même s’il est clair que l’environnement politique et culturel d’origine des commissaires ne doit pas influer sur leur action, il est néanmoins intéressant de noter que, pour la troisième fois consécutive, le commissaire chargé de la Santé en Europe est issu d’un pays disposant d’un système national de santé à la britannique, très éloigné des modèles « bismarckiens » et libéraux de type allemand ou français.
La santé à Malte : inspiration britannique.
L’archipel de Malte, qui compte à peine 400 000 habitants, était en effet territoire britannique de 1814 à 1964, et a conservé de cette époque un système national de santé financé par l’impôt, sur le modèle du NHS d’outre-Manche. Ce service national est quasi gratuit, à condition de ne consulter que les médecins employés par les 47 centres de santé publics et, bien sûr, les hôpitaux publics, seuls habilités par ailleurs à distribuer des médicaments payés par l’État. Toutefois, les patients ont la possibilité de consulter à titre privé les médecins des centres de santé… mais alors à leurs frais. Il existe aussi un petit nombre de médecins généralistes libéraux, mais leurs prestations sont là aussi à la charge des patients. De même, les Maltais disposent de pharmacies indépendantes et privées, mais ils doivent payer eux-mêmes tous les médicaments, prescrits ou non, qu’ils y achètent. Les professionnels de santé maltais sont aujourd’hui encore majoritairement formés au Royaume-Uni, et le système sanitaire maltais jouit d’une bonne réputation dans le monde. À l’inverse – et cette expérience ne manquera sûrement pas d’influencer l’action de John Dalli –, les Maltais sont particulièrement touchés par l’obésité et le diabète, après avoir connu un changement radical de leur mode de vie au cours des trente dernières années, et souffrent d’un certain nombre d’affections spécifiques, liées, elles, à leur situation géographique et à leur insularité, dont notamment les thalassémies.
Les amateurs de symboles qui noteront, à tort ou à raison, que la santé échoit une fois de plus à l’un des plus petits pays européens, aux structures très éloignées de celles de la plupart des « grands » pays du continent, trouveront toutefois aussi de quoi se rassurer à Malte. Sa capitale, La Valette, possède en effet l’un des plus beaux et des plus grands hôpitaux de la Renaissance, l’hôpital des Chevaliers de l’ordre de Malte, témoin s’il en est de la tradition d’assistance dont se réclame toujours l’Europe contemporaine… même si cet hôpital n’est plus aujourd’hui qu’un somptueux centre des congrès.
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