SON RÊVE ? Voler avec les cinq oies qu’il a apprivoisées. Comme le zoologiste autrichien Konrad Lorenz, qui couvait des œufs d’oiseau, et qu’il a lu dès 7 ou 8 ans. « Ma vraie vie, c’est la baie de Somme », confie Jean Boucault, momentanément en congé de pharmacie. Le « hasard » l’a fait naître à Arrest (Somme), dans la pharmacie paternelle, à 5 km de la baie. « Mon intérieur était protégé, se souvient-il, mais les copains à l’école racontaient leurs nuits de hutte (technique de chasse locale, N.D.L.R.) et l’extérieur me semblait merveilleux ».
Môme, il se découvre le don d’imiter le sifflet des oiseaux, en appelant des goélands, qui se détournent à son appel. Jean Boucault va écouter, accumuler une mémoire de sons, trouver les techniques de la bouche pour les reproduire. Un jour, il voit à la télévision un reportage sur un concours d’imitation de chants d’oiseaux. « Je sais faire ça », affirme-t-il à ses parents. À onze ans, il s’inscrit, tout seul, pour le prochain concours, où il se classe deuxième, derrière « Zorro », une figure de la baie de Somme, son « maître ».
Jean Boucault a aujourd’hui 30 ans. Chaque année, il est arrivé dans le trio vainqueur du concours de sifflets du Festival de l’Oiseau. Il convient avoir fait « n’importe quoi » au collège et au lycée, tout en apprenant seul l’ornithologie. Deux années de classe préparatoire à l’école vétérinaire l’amènent finalement à la pharmacie, qu’il achève rapidement avec une thèse sur la botanique. Pendant trois ans, il alterne des remplacements en officine, l’assistanat chez son père avec des « horaires aménagés », et le chant d’oiseaux.
Un son sans écriture.
Puis, il se met en congé de pharmacie, « pour cinq ans, parce que je veux me fixer », comme chanteur d’oiseaux, en cabaret, avec des groupes de musique, en accompagnement de contes, ou en sonorisation de films muets. Et il chante dans la baie.
« Imiter le chant d’un oiseau, c’est rare et magique, parce que ce son n’a pas d’écriture, il n’est pas transmissible. Un chant peut superposer plusieurs notes, comme une diphtongue en parlant. » Jean Boucault travaille aussi avec un laboratoire du CNRS (centre national de la recherche scientifique), où il réalise des sonogrammes des quelque cent chants qu’il connaît, pour en définir les harmoniques.
Ce confrère en congé attend de reprendre une officine proche de la baie, pour pouvoir y courir encore avec ses oies, à défaut de voler. Quelquefois, il dort mêmeavec elles sur la pelouse « pour le contact. Avec elles, je vis la vie d’un oiseau », s’émerveille-t-il.
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