LA DÉCHÉANCE de la nationalité pour les criminels fraîchement naturalisés ? Le renoncement au droit de sol qui, proposé par des députés, a été heureusement rejeté ? À quoi bon ? Comment croire qu’un individu décidé à tirer sur des policiers serait dissuadé de le faire parce qu’il cesserait ainsi d’être français ? Il s’agit, nous dit le gouvernement, de « durcir » les dispositions précédentes. Il nous semble que la sécurité des citoyens serait mieux assurée si les effectifs de la police étaient augmentés. On a déjà vu les graves inconvénients de la « politique du chiffre » qui a conduit à des aberrations, par exemple des poursuites contre des innocents. On a entendu les fonctionnaires de police se plaindre du manque de moyens, en hommes et en matériel, au moment même où les contraintes budgétaires forçaient nos dirigeants à diminuer le recrutement. On a constaté que la « police de proximité » a été dissoute et remplacée par les UTeQ, ou unités territoriales de quartiers, qui sont à peu près la même chose, sinon qu’elles n’ont pas été mises en place par l’ex-majorité de gauche. On a vu le gouvernement s’en prendre tour à tour à la justice, qui serait laxiste, mais qui a pour devoir d’appliquer les textes, non de les interpréter, à la police, puis aux maires, accusés d’avoir pour les voyous une sollicitude malsaine. Mais c’est le principe d’une justice démocratique de ne pas appliquer la loi du talion, d’établir une accusation solide, d’accorder tous ses droits à la défense.
On accuse les « bobos », scandalisés par les évacuations et expulsions de Roms et par la volonté apparente de nos dirigeants d’adopter le tout-répression, d’ignorer le sort des braves gens qui subissent des exactions dans leurs quartiers. C’est bien possible. Mais toute la question est de savoir si des lois d’exception sont nécessaires, si elles sont susceptibles de rétablir l’ordre républicain dans les zones de non-droit, si, oui ou non, plus la loi est dure et plus les voyous ont peur. Si c’était vrai, on n’aurait pas l’impression que Nicolas Sarkozy, champion de la sécurité, a échoué dans la tâche qu’il s’est lui-même assignée très tôt, dès qu’il fut nommé ministre de l’Intérieur, quand il annonçait qu’il nettoierait les quartiers au « Karcher ». Y est-il parvenu ? Le ministre Éric Besson, qui a grandement souffert du débat absurde, inutile et pervers sur l’Identité nationale, tente de convaincre maintenant ses concitoyens que la solution du problème de la sécurité a été enfin trouvée. Il se conduit avec l’aveuglement du défroqué. Issu du PS, ancien contempteur de l’homme qu’il sert aujourd’hui avec un zèle incomparable, il n’en finit pas de brûler sur le bûcher du mépris et de la dérision.
Un piège.
Résultat : des élus de la majorité se sont dits incapables de voter le texte ; des sénateurs songent à le priver de ses aspects les plus choquants. Pourquoi M. Sarkozy s’acharne-t-il à rattraper et même à dépasser les idées les plus réactionnaires du Front national, sinon parce qu’il est prêt à payer le prix le plus élevé pour obtenir les suffrages de la plupart des électeurs du FN ? Tout cela ne veut pas dire qu’il n’y ait aucun problème d’immigration. Cela ne veut même pas dire que, face à des individus qui ne revendiquent guère leur appartenance à la société française, la seule solution serait l’éducation. Nous ne devons pas tomber dans le piège qui nous ferait prendre les criminels pour des victimes. Si nous n’avons pas su intégrer des immigrés ou leurs descendants, nous ne pouvons ignorer pour autant la délinquance et, en attendant que s’améliore le processus d’assimilation, il faut bien sévir. Il n’empêche que les lois actuelles sont largement suffisantes pour traiter le désordre, qu’il n’est nul besoin d’en prévoir d’autres pour des groupes ethniques définis, que la loi vaut pour tous, et donc pour ces groupes. Il ne faut jamais oublier que, chez les Noirs ou les Maghrébins, il y a d’éblouissantes réussites, lesquelles seront bien mal récompensées si le délit de sale gueule devient l’unique critère de la répression.
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