Il est difficile de le lui reprocher. Laurent Fabius ayant pour la première fois envisagé la participation de l’armée syrienne loyaliste à la campagne contre l’EI, la droite, qui n’a cessé de préconiser un rapprochement avec Bachar Al-Assad et avec la Russie, a beau jeu de dire aujourd’hui que François Hollande a fini par adopter l’une de ses idées. Le virage du gouvernement français au sujet de Bachar va-t-il pour autant permettre la création de la coalition ? À Washington, M. Hollande n’a pas obtenu de Barack Obama un infléchissement de sa politique, axée sur de départ du dictateur syrien, ce dont Vladimir Poutine ne veut pas entendre parler. En outre, en abattant un avion russe, le gouvernement turc a commis un acte qui le place en dehors de toute coopération avec Moscou. La réaction russe a été de bombarder davantage les positions des rebelles syriens.
L’État islamique, il est vrai, n’a pas d’allié. Les pays du Golfe, qui ont donné naissance à un monstre, le craignent désormais et souhaitent qu’il soit détruit. Mais, dans la lutte contre l’EI (ou Daech), chacun des protagonistes a des intérêts très particuliers qui ne peuvent pas se fondre dans le creuset de l’intérêt général. L’Arabie saoudite et l’Iran se disputent l’Irak et la Syrie où elles veulent installer soit un régime sunnite pour la première soit un régime chiite pour le second. Daech n’exprime qu’un projet sunnite mondial qui s’est transformé en glorification de la mort. L’Iran et le Hezbollah, ainsi que les loyalistes syriens le combattent au nom du chiisme. Les Américains et leurs alliés le bombardent au nom de la démocratie. La Russie s’est rangée dans le camp chiite. La Turquie est sunnite. Les Kurdes se battent contre la domination de tous les autres. Pour des objectifs aussi différents, une coalition unique est introuvable, d’autant que la Russie est entrée dans une lutte d’influence avec les États-Unis. En définitive, Bachar Al-Assad n’a le soutien russe que parce que les États-Unis et l’Europe l’ont désigné depuis quatre ans comme l’homme à abattre (et, accessoirement, parce que les Russes ont des bases militaires en Syrie).
La question de l’immigration.
À cet enchevêtrement d’objectifs inconciliables, s’ajoute le très grave problème de l’immigration. La Syrie se vide de ses habitants qui, constatant que Bachar reste, ont décidé de partir vers l’Europe. Angela Merkel ne pouvait pas prévoir que parmi les assassins de Paris se trouvaient deux hommes qui étaient entrés en Europe par le biais de la migration. Mais de toute façon, son rappel de l’importance du droit d’asile dans le fonctionnement des démocraties a perdu de son impact, face à l’arrivée de centaines de milliers de personnes, multitude que les structures des pays européens ne permettent pas d’accueillir dans des conditions acceptables. François Hollande souhaite que Daech soit éradiqué à la fois à cause de la guerre asymétrique qu’il livre à la France et aussi avec l’espoir de stabiliser la Syrie pour arrêter une source abondante d’immigration. Où l’on voit que l’intérêt de tous les États européens n’entraîne pas une réponse unique puisqu’ils sont hostiles à l’immigration pour la plupart mais ne veulent guère faire les sacrifices nécessaires pour la tarir. Les attentats du 13 novembre ont certes entraîné un mouvement de solidarité européenne et occidentale en faveur de la France. Malheureusement, cette solidarité n’a trouvé aucune traduction concrète. En réalité, face à une folle violence et, il est vrai, une immigration moins massive qu’en Allemagne ou en Suède, la France est relativement seule.
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