IL Y A 8 JOURS, le président de la République a annoncé un plan de diminution des dépenses publiques de l’ordre de dix milliards. Ce plan ne peut être efficace que s’il taille dans les dépenses sociales, qui forment une partie essentielle des déficits publics. Nous avons tenté, à plusieurs reprises, de démontrer que la réduction des dépenses, quoique plus difficile à réaliser, est un instrument plus efficace que l’augmentation de la pression fiscale, laquelle décourage l’épargne et l’investissement. L’arithméticien le moins sophistiqué n’aura aucun mal, cependant, à prouver que la hausse des impôts ou la diminution des largesses collectives reviennent toutes deux à affaiblir le pouvoir d’achat. On en conviendra.
Mais la hausse des impôts des retraités est un instrument paradoxal. Elle consiste à réduire les dépenses en renforçant la pression fiscale. Elle cumule donc les deux outils dont le gouvernement dispose. Jusqu’à présent, il n’est venu à l’idée de personne de dire qu’il est stupide de taxer des pensions. Il suffirait de calculer celles-ci de manière à ce qu’elles coûtent moins cher à la collectivité. Il ne serait pas très compliqué de verser aux retraités des pensions nettes dont le montant serait celui qui aurait été versé après les retenues à la source et d’en finir avec les cotisations. Le président de la Cour des comptes, Didier Migaud, a néanmoins montré une fois de plus son réalisme : socialisme ou pas, égalitarisme ou pas, il faudra bien que tous les citoyens paient le retour à l’équilibre budgétaire. Pendant des décennies, l’État a lutté contre l’insuffisance de la croissance par le renforcement du filet social. Pour y parvenir, il a emprunté à tout-va. Ce laxisme lui est maintenant refusé. Nous allons donc souffrir à partir d’aujourd’hui pour tout ce que nous n’avons pas enduré pendant une trentaine d’années d’emprunts publics.
Gymnastique fiscale.
Pourquoi, au lieu d’augmenter la CSG des retraités, ne pas, tout simplement, geler les retraites à leur niveau actuel pendant deux ou trois ans, de manière à ce que l’inflation diminue la générosité de l’État ? Pourquoi les augmenter du taux d’inflation (plus élevé cette année que l’année dernière) pour ensuite les taxer un peu plus ? À quoi rime cette gymnastique qui s’accompagne en outre de la stigmatisation de 15 millions de Français dont le seul tort est d’être âgés, qui ont cotisé toute leur vie, par exemple les cadres, dont la situation souvent confortable n’est que le produit de cotisations qui atteignent 14 % de leur salaire mensuel brut ? L’argent que l’État ou les organismes de retraite complémentaire accordent aux retraités ne tombe pas du ciel. C’est une forme d’épargne collective. On en a fait des salaires publics ou collectifs, ce qu’ils ne sont pas. Rien ne dit d’ailleurs que si les travailleurs versaient leurs cotisations vieillesse sur une compte d’épargne, ils ne seraient pas mieux lotis qu’au terme de leur carrière. La question se pose pour les cadres, qui versent tout au long de leur vie des sommes considérables, travaillent bien plus longtemps que 35 heures, ne se ruent pas vers la retraite si on ne les y oblige pas. Ce sont eux qui vont payer le rééquilibrage des fonds de vieillesse, lesquels sont déficitaires peut-être à cause de la crise, mais peut-être aussi parce qu’ils n’ont pas été gérés avec toute la rigueur requise.
Nous ne nous élevons pas contre la proposition de Didier Migaud d’accroître la fiscalité sur les pensions. Encore une fois, le pays n’évoluera pas vers les équilibres fondamentaux si chacun de nous ne participe pas au sacrifice collectif. Nous constatons seulement que nous sommes très loin d’une réforme fiscale innovante, que l’on raisonne toujours en France en termes de fiscalité alors qu’il suffirait, pour renforcer les systèmes sociaux, de définir les seuils au-delà desquels le pays ne peut aller. Il n’est pas impossible d’abattre le Gargantua fiscal qui tue notre compétitivité.
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