La coupe est pleine pour les pharmaciens du Grand Est qui voient leurs patients privés du choix du prestataire en matériel médical à leur sortie de l’hôpital. Décidés à informer les patients, mais aussi à dénoncer la main mise des opérateurs sur ce marché, ils lancent une grande campagne de communication dans tous les médias régionaux.
Mady, la mascotte verte à l’effigie de la croix des pharmaciens, rappellera toute la semaine que le pharmacien est « l’allié du maintien à domicile ». Ce slogan sera relayé sur les chaînes de télévision régionales, reportages à l’appui, ainsi que dans les quotidiens régionaux, dans une campagne d’envergure.
En effet, l’URPS pharmaciens du Grand Est est bien décidée à briser l’omerta qui règne sur certaines pratiques. À la sortie de l'hôpital, les commandes ou la location de matériel médical échappent le plus souvent aux pharmaciens d’officine au profit de grandes entreprises qui sont imposées aux patients, non informés de leur liberté de choix. « Selon les données qui nous été communiquées par l’assurance-maladie, nous détenons moins de 20 % de parts de ce marché alors que nous estimons pouvoir en détenir au moins 50 %, voire 70 %, à l’instar de nos parts de marché en orthopédie », déplore Jean-François Kuentz.
Le vice-président de la Conférence nationale des URPS pharmaciens libéraux (CNUL), titulaire à Colmar, affirme même que les patients sortant de l’hôpital ne voient même pas l’ordonnance de prescription de matériel médical. « Ce sont les prestataires eux-mêmes qui parfois nous remettent l’ordonnance de médicaments ! », dénonce-t-il. Un comble pour les pharmaciens, qui sont pourtant 83 % à souhaiter être contactés par les familles à la sortie d’hôpital de leur proche, comme le révèle une enquête menée entre mars et septembre 2017 par la CNUL.
Une enquête parallèle effectuée auprès des patients démontre que seulement 21 % d'entre eux ont reçu une ordonnance pour du matériel médical. 63 % affirment ne pas avoir eu le choix du prestataire, alors qu’ils sont 90 % à plébisciter une prise en charge par un pharmacien d’officine à leur sortie d’hôpital.
Les pharmaciens du Grand Est ont alerté l’ARS des pratiques des prestataires et des effets de ce marché captif. « L’ARS semble vouloir privilégier l’information des praticiens hospitaliers par un courrier pédagogique plutôt qu’un affrontement », constate Jean-François Kuentz.
Les pharmaciens n’en resteront pas là. La mascotte servira à identifier toutes les pharmacies spécialisées dans le MAD, une brochure sera diffusée auprès des patients et enfin, chaque patient pourra retrouver une pharmacie à proximité grâce au site dédié, créé par l’URPS pharmaciens du Grand Est. Enfin, comme l’indique Jean-François Kuentz, cette campagne sera présentée sur le stand de la CNUL lors du Congrès national des pharmaciens à Montpellier, les 21 et 22 octobre prochains.
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