LE NOUVEL OPUS de Gilles Leroy, « le Monde selon Billy Boy » (1), tourne autour du nommé Billy, mais il en est le héros absent, puisque le roman a pour thème la vie de ses parents avant qu’il vienne au monde. Son père André avait 17 ans et sa mère Eliane 20 lorsqu’il a été conçu au cours d’une nuit, une seule nuit d’amour.
Gilles Leroy, qui a reçu le prix Goncourt en 2007 pour « Alabama Song », avait raconté dans l’un de ses premiers ouvrages les derniers instants de sa mère morte d’un cancer (« Maman est morte »). Alors qu’il approche de la soixantaine, il cherche ici à connaître et à comprendre comment il a pu naître de cette jeune femme, la fille d’une couturière employée comme dactylo au ministère des Armées, et de ce garçon si jeune et si beau, avec sa mèche blonde qui lui retombait sur les yeux, fils d’un boucher, quelque peu hâbleur et flambeur. Les jeunes gens sont désemparés, la mère d’Eliane la renie, la famille d’André sort de l’argent pour « régler » le problème. Les enfants vont devenir des parents.
Drames à 20 ans
Colombe Schneck est l’auteure de six romans, dont « la Réparation », où elle restituait une partie de l’histoire de sa famille disparue à Auschwitz. « Dix-sept ans » (2), c’est l’âge qu’elle avait lorsqu’elle a avorté et c’est le titre du livre où, pour la première fois, elle dit ce qui lui est arrivé au printemps 1984. Un livre court comme un coup-de-poing, écrit en réponse à « l’Événement » d’Annie Ernaux, paru il y a vingt ans, et il témoigne de la même solitude qui frappe les jeunes filles victimes du même drame.
Colombe Schneck se souvient d’elle-même comme d’une adolescente aussi sage que choyée, qui a choisi son amant – un garçon de sa classe dont elle n’est pas amoureuse –, qui prend la pilule – ses parents sont des médecins de gauche. Se disant triste mais pas coupable, elle conclut : « Je peux l’écrire, désormais, ton absence m’accompagne depuis trente ans. Ton absence m’a permis d’être la femme libre que je suis aujourd’hui. »
Carmen Bramly a 20 ans et elle publie déjà son troisième roman, « Hard de vivre » (3). Elle avait 15 ans lorsqu’est paru « Pastel Fauve », suivi un an plus tard par « Superfragilibus ». Présentée comme une élève studieuse – littérature et civilisation anglaises à Paris-Diderot –, une nageuse assidue et une fêtarde, elle a l’intelligence de parler de ce qu’elle connaît, les jeunes d’aujourd’hui. Elle raconte ici comment la mort par overdose d’une jeune inconnue à l’apparence excentrique, lors d’une fête parisienne, a changé la vie de six garçons et filles, entre 16 et 22 ans, qui se connaissaient pas ou peu. L’histoire se déroule sur une année, à des âges où tout évolue pour tous, mais le drame agit là comme un révélateur et brusque le hasard. Une « éducation sentimentale » alertement revisitée.
Véronique Maumusson est une journaliste mariée à un Américain, installée à Los Angeles depuis plus de quinze ans et qui a publié un essai remarqué, « Comment peut-on être américain ? ». Son premier roman, « la Tentation de l’indifférence » (4), se déroule à Paris à partir de 1938 alors que la narratrice, Anne, 20 ans, issue d’un milieu provincial et populaire, est admise à la Sorbonne et dans un groupe d’étudiants aussi brillants que privilégiés. L’avenir semble leur appartenir mais l’Occupation va conduire chacun à prendre position selon ses orientations politiques et d’autres considérations où les amours, les amitiés et les idéologies s’imbriquent dans une ronde infernale. La question étant :
« Et nous, qu’aurions-nous fait à cette époque ? ».
La Belle et la Bête
À lire ou faire lire aussi « Nos faces cachées » (5), best-seller aux États-Unis et au palmarès des meilleures ventes de l’auto-édition « young adult » ; il est signalé « Tout public » et signé Amy Harmon, qui est déjà l’auteure de cinq romans en même temps que chanteuse.
L’histoire est présentée comme une version moderne de « la Belle et la Bête », avec une romance entre un garçon beau comme un dieu et doué de toutes les qualités et une fille très ordinaire et banale. Rien n’aurait dû se passer entre eux s’il n’y avait eu le 11-Septembre. Le garçon part à la guerre, entraîne ses amis qui vont y rester, tandis que lui revient défiguré et brisé ; riche de sa beauté intérieure, la jeune fille, de vilain petit canard se transforme en cygne. Ce résumé est caricatural – c’est aussi l’histoire d’une amitié sans faille pour un garçon handicapé – mais le récit garantit des émotions en tout genre.
(2) Grasset, 91 p., 10 euros.
(3) JC Lattès, 303 p., 18 euros.
(4) Anne Carrière , 230 p., 18 euros.
(5) Robert Laffont, 434 p., 17,90 euros.
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