Les campagnes électorales sont rarement le lieu de la courtoisie et du bon goût. La France est néanmoins le pays où l'on évite, en général, l'invective. Malheureusement, les méthodes de Donald Trump ou de Boris Johnson sont de plus en plus imitées chez nous.
Il faut commencer par le cas d'Emmanuel Macron, ce wonder boy de la politique qui nous a tous subjugués par son aplomb. Il vient de démontrer qu'il peut, lui aussi, et comme ses aînés, se montrer décevant. François Fillon, il y a quelques semaines, a ouvert une porte, celle de la médisance, dans laquelle M. Macron s'est engouffré.
Cette fois, il ne s'agissait pas de s'en prendre aux démêlés judiciaires de M. Sarkozy, mais de rappeler, dans un méprisable accès de Schadenfreude, que M. Juppé a été condamné en 2004 à une peine de prison avec sursis et à l'inéligibilité pendant un an, dans l'affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris. « Peut-on imaginer sérieusement, a dit M. Macron, paraphrasant ainsi M. Fillon, commander aux destinées de la France ou se présenter au suffrage universel des Français alors que sa probité personnelle a été mise en cause ? »
Benoît Apparu, ancien ministre et chevau-léger de M. Juppé, a vite fait de rappeler que la probité de M. Juppé, justement, n'a pas été mise en cause par le jugement qui le condamnait. Tout le monde sait que, à l'époque, M. Juppé s'était efforcé de mettre fin aux emplois fictifs de la Mairie de Paris, qu'il n'en jamais créé un lui-même, et qu'il a été condamné uniquement parce qu'il protégeait Jacques Chirac.
M. Macron le sait sans doute, mais il n'en est plus à ce détail près. Peu importe que ses déclarations frisent la diffamation, l'essentiel pour lui est d'écarter au plus vite un rival gênant. Il demeure que ceux qui étaient sous son charme vont peut-être réviser l'évaluation qu'ils faisaient de lui : il parle trop vite, il prononce quelques grosses bêtises (comme une remarque regrettable sur les écoles juives) et, après tout, peut-être est-il trop jeune, trop vert, ou immature pour la présidence de la République ?
Une construction de l'esprit
0n dira à sa défense qu'il n'est pas le seul à s'en prendre à Alain Juppé qui, s'il était sensible aux banderilles de la droite ou de de gauche, aurait rendu l'âme depuis longtemps. C'est Luc Carvounas, sénateur PS, qui se moque de lui parce qu'il veut instaurer la retraite à 65 ans alors qu'il a pris sa retraite de la Fonction publique à 57 ans ; c'est Bruno Le Roux, chef de la majorité socialiste, qui lui attribue « le pire programme de la régression de la droite depuis 40 ans ». Et j'en passe.
On dit que des socialistes veulent participer à la primaire de la droite pour désigner M. Juppé, mais on en voit qui, publiquement, tentent de l'abattre avant l'heure. Pourquoi ? Parce qu'ils ne sont pas à ce point désespérés et que, dans le camp de François Hollande, on est convaincu que, si le président sortant se présente contre M. Sarkozy, il le battra. C'est, bien entendu, une construction de l'esprit qui convient à l'optimiste M. Hollande, bien que tous les sondages indiquent qu'il est incapable de passer le cap du premier tour, quels que soient les candidats en présence.
Pour l'électorat, qui assiste impassible à cette débauche de calomnies, il n'y a qu'un réflexe sain. Celui de protéger le candidat harcelé. Un jeune homme triomphant veut la peau d'un aîné, décrié par ailleurs parce qu'il a 71 ans et qu'il entend bel et bien procéder aux réformes dont le pays a besoin ? On a envie de se situer dans le camp de la victime.
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