Ce sont les « tactiques fines » de la sanction qu’envisage au début le philosophe. Elles précisent les formes de la punition : exclure, organiser un rachat, marquer sur le corps et enfermer. C’est ce dernier cas, celui de la prison, qui fait problème, tant les raisons d’enfermer semblent énigmatiques. Ces cours serviront de prolégomènes à « Surveiller et Punir », qui paraîtra en 1975 et qui constitue un éclairage.
Autrefois, un immense supplice public était censé détourner d’un crime, tel celui de Damien le régicide, mais l’immense majorité des délinquants passaient entre les mailles du filet. D’où la nécessité d’incarcérer, pour surveiller avant, curieuse anticipation de notre principe de précaution. Pour cela, il faut pouvoir tout voir. C’est le célèbre système du Panopticum, instauré en 1793 par l’Anglais Jeremy Bentham ; anticipation aussi de la multiplication des caméras dans nos villes.
Les choses ne sont pas si simples. Comme toujours chez Foucault, il s’agit de montrer comment une société produit un certain type de représentations. En l’occurrence, celle du criminel comme « ennemi social ».
Au travers des premières analyses économiques de la délinquance, au XVIIIe siècle, la société produit également l’archétype du délinquant, celui qu’il faudra enfermer : le vagabond, qui condense la dangerosité, l’instabilité des déplacements et surtout le refus de travailler.
De fait, dans l’acte d’incarcérer, les considérations économiques ne sont jamais très loin. « Le pénitentiaire, c’est ce que certains font subir à d’autres », dit l’auteur de « l’Histoire de la folie ». Disons, peut-être, un acte des riches contre les pauvres.
André Masse-Stamberger
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