Il est vrai que, constitué dans la hâte et le désir de réagir avec vivacité à la déroute des élections municipales, le nouveau gouvernement ne nous a même pas épargné les couacs dont le précédent était si familier. Une bataille absurde et quelque peu indécente a déjà opposé Laurent Fabius et Arnaud Montebourg au sujet du commerce extérieur dont le ministre des Affaires étrangères, avec l’appui de M. Valls, a fini par s’emparer au détriment du ministre de l’Économie. M. Fabius devra nous prouver, dans les mois qui viennent, que, grâce à lui, notre balance commerciale s’améliore. Vrai aussi que, Ségolène Royal, à peine entrée au ministère de l’Écologie, a lancé, sans consulter personne, ni le président de la République, ni le Premier ministre, une idée programmatique sur l’écotaxe qu’elle semble vouloir remplacer par une autre « ressource », c’est-à-dire, sans doute, par un nouvel impôt. Vrai enfin que le gouvernement s’apprête à demander à la commission de Bruxelles un nouveau délai pour la réduction des déficits publics français. Ce n’est pas rassurant, car François Hollande, en s’orientant vers le laxisme, se contente plus de tirer, avec résignation, la leçon de l’échec de sa tentative de rééquilibrer le budget national qu’il n’essaie d’inventer une nouvelle méthode pour relancer la croissance.
Une orientation à l’italienne.
Forcément très occupé, et tout à son succès personnel, M. Valls ne s’est pas trop attardé sur ces différents obstacles. Il a un deal avec le président et il ne risquait pas de le démolir dès le premier jour. C’est maintenant que commencent les affaires sérieuses, avec la premier conseil des ministres vendredi dernier et l’annonce, au plus tard demain, de la nomination d’une dizaine de secrétaires d’État. Au total, le gouvernement ne devrait pas compter plus de 26 ministres et secrétaires d’État, ce qui correspond bien à une équipe resserrée, et il est déjà paritaire. La séparation de l’économie en deux grands pôles, microéconomique et macroéconomique, est logique et justifiée. Elle existe déjà en Allemagne. Une idée différente structure la nouvelle pensée gouvernementale, à savoir que le retour aux fondamentaux budgétaires ne peut se faire sans croissance. Elle ne sera, au mieux, que de 0,9 % cette année, ce qui ne suffit guère à faire baisser le chômage. En attendant une reprise mondiale qui donnerait à la France une sacrée bouffée d’oxygène, le chef de l’État s’inspire de l’exemple italien, tel que le lui a décrit Matteo Renzi, le président du conseil de la péninsule : une réduction des déficits plus lente pour dégager des sommes susceptibles d’être investies dans la consommation, donc dans la croissance.
Une telle orientation est quelque peu inquiétante, dans la mesure où elle transforme un échec, l’incapacité du précédent gouvernement à couper suffisamment dans la dépense publique, en instrument de prospérité. C’est un tour de passe-passe, au moment où on attend de M. Valls qu’il mette fin à l’incantation et qu’il prenne des mesures courageuses. Aussi bien, avant de rejeter l’homme et ses idées, il est impératif d’attendre qu’il donne la mesure de son tempérament et qu’il passe aux actes. Il n’est pas impossible que les manifestations d’indépendance ou d’autorité de Ségolène Royal et de Laurent Fabius ne soient que les derniers soupirs du désordre précédent, quoique Mme Royal entende bien être la star de ce nouveau gouvernement. Pas impossible que, à son tour, M. Valls occupe toute la place que lui a accordée M. Hollande, lequel, après tout, a plus besoin, pour le moment, d’une équipe qui gagne que de se protéger contre l’ascension d’un homme qui s’est imposé à lui.
Premier conseil des ministres vendredi 4 avril
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