ELLES SONT QUATRE pharmaciennes, militantes, épanouies et fières de leur rôle de professionnel de santé, engagées dans des structures d’aide d’urgence et/ou d’aide au développement de pays en difficulté. Leur message ? N’hésitez plus à vous engager, les pharmaciens font partie des profils recrutés dans de nombreuses organisations à but non lucratif travaillant à l’amélioration de l’accès aux soins des populations. « Il n’y a pas de chasse gardée d’ONG spécialisées dans le médicament, mais une fonction, celle de pharmacien, qui s’insère dans un ensemble d’interventions médicales. » De plus, le pharmacien partant sur le terrain est un volontaire, il reçoit une indemnité et peut devenir salarié de l’association au bout d’un an.
Audrey Vermeersch, pharmacienne au département médical de Médecins sans frontières (MSF), a fait ses armes durant trois ans et demi en République démocratique du Congo (RDC), sous les couleurs de feue l’association Pharmaciens sans frontières Comité international (PSF-CI). Avec une expérience de trois ans en officine et un master en santé publique, elle a accédé à ce poste au centre opérationnel de Paris il y a six mois. « Je suis référent technique sur le médicament, je réponds aux questions des personnes sur le terrain, je participe au recrutement des pharmaciens volontaires (15 actuellement) et je travaille en réseau avec les pharmaciens des autres centres opérationnels, situés à Bruxelles, Barcelone, Genève et Amsterdam », explique la jeune femme.
Qualité des produits.
Valérie Solbès, pharmacien chez Médecins du monde (MdM), a intégré l’ONG il y a 15 ans. Tout premier pharmacien recruté, elle a d’abord eu la responsabilité des achats médicaux, avant de s’impliquer dans la réduction des risques dans un centre de soins pour toxicomanes, puis avec la mission Rave en lien avec l’Observatoire français des drogues et toxicomanies. Référent technique au service d’analyse, appui et plaidoyer au siège de MDM, elle s’est mobilisée ces deux dernières années sur les conséquences de l’arrêt de l’utilisation des MNU à des fins humanitaires auprès d’associations agissant en France, comme le Comité médical pour les exilés (Comede) ou Emmaüs. « MdM est présent en France à travers ses 22 centres de soins qui fonctionnent avec des médecins et pharmaciens bénévoles, je suis leur point relais sur le médicament. Au plan international, je suis chargée de développer et faire évoluer le cadre de référence de la qualité des produits pharmaceutiques, couvrant l’approvisionnement en médicaments jusqu’au terrain. Étant le seul pharmacien au siège, j’ai un besoin vital d’être en contact avec les confrères d’autres ONG. »
C’est là que le Réseau Médicaments et Développement (ReMeD) prend toute son importance. L’association de solidarité internationale vise à améliorer l’accès à des médicaments essentiels de qualité et à leur usage rationnel dans les pays en développement. Ce sont 1 700 professionnels de santé qui interviennent dans 22 pays d’Afrique, ainsi qu’au Maghreb, au Cambodge, à Haïti et en France. ReMeD coordonne les échanges d’informations entre professionnels de santé du Nord et du Sud, organise des campagnes de sensibilisation des populations et assure le transfert de compétences et la formation des professionnels de santé.
Un monde multipolaire.
Depuis 1994, Carinne Bruneton en est la déléguée générale. Pharmacien biologiste, elle a commencé sa carrière dans un hôpital de Côte d’Ivoire où elle a passé quatre ans et demi. Tout en préparant un DESS en économie de la santé, elle entre chez Handicap International/Action Nord-Sud pour deux années avant de rejoindre ReMeD. « Nous procédons par échange d’informations et proposons des formations continues aux pharmaciens des pays en développement. Dans un monde multipolaire, il ne faut pas croire que tout part de France pour aller vers l’Afrique. Nous avançons en réseau dans le monde francophone. »
Grâce à son forum e-med sur Internet et divers rendez-vous réguliers, ReMeD permet aux professionnels de santé d’échanger facilement. Une mise en contact précieuse qui permet d’avoir des remontées d’informations en direct du terrain. « Beaucoup d’associations humanitaires pensaient bien faire en envoyant des MNU, mais les remontées du terrain ont permis de comprendre les difficultés locales, surtout à l’heure où la plupart des grandes ONG apportent leurs propres médicaments. Que ce soit des dons ou des achats de médicaments, on a besoin de pharmaciens sur place pour trier, stocker, délivrer les médicaments et former le personnel local. »
Hélène Degui, directrice et pharmacien responsable de la Centrale humanitaire médicopharmaceutique (CHMP) a commencé sa carrière dans l’industrie pharmaceutique. Un milieu qu’elle quitte rapidement pour partir en Afrique. Après 12 ans au Congo et au Gabon, où elle travaille pour la Coopération française à l’organisation des systèmes pharmaceutiques et au renforcement de l’accès des populations aux médicaments de qualité (en particulier des antirétroviraux), Hélène Degui devient chargée de projets d’ESTHER (Ensemble pour une solidarité thérapeutique hospitalière en réseau) en Asie avant de rejoindre la CHMP en 2005.
Légitimité.
« C’est une association à statut d’établissement pharmaceutique qui approvisionne les acteurs des associations à but non lucratif intervenant dans le développement. » Elle compte plus de 800 clients tels que l’UNICEF, MSF ou l’OMS. C’est aussi un laboratoire de contrôle qualité du médicament. Travaillant avec plus de 350 fournisseurs dans le monde, elle garantit ainsi le meilleur médicament au meilleur prix. « Nous développons ce système de contrôle qualité auprès de nos confrères du Sud. Nous les soutenons et les formons au contrôle et à l’assurance qualité. » Car la CHMP est installée à Clermont-Ferrand (16 salariés dont 4 pharmaciens) et à Nairobi, au Kenya (26 salariés dont 4 pharmaciens).
« En France, vendre un médicament n’engage pratiquement aucun risque grâce à un système pharmaceutique sécurisé, ce qui n’est pas le cas dans de nombreux pays d’Afrique. Là encore nous avons besoin des pharmaciens. »
Acteurs reconnus au sein des ONG, les pharmaciens font partie de leurs recrutements réguliers. « MdM a envoyé un pharmacien à Haïti pour sa première mission, où il était chargé de la gestion des stocks. Il s’est vite adapté, il était aussi à l’aise que dans son officine. Il a développé l’outil et l’équipe sur place a été soulagée de l’arrivée d’un professionnel compétent pour gérer les médicaments. Le pharmacien a une légitimité pour la gestion et l’usage rationnel des produits médicaux dans l’urgence. »
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