Dans la catégorie « Essai », le Médicis est allé à Alain Ferry pour « Mémoire d’un fou d’Emma » (Seuil), le Renaudot à Daniel Cordier pour « Alias Caracalla » (Gallimard) et le Femina à Michèle Perrot pour « Histoires de chambres » (Seuil).
Le narrateur de « Mémoire d’un fou d’Emma », d’Alain Ferry, dont la femme vient de le quitter pour une vie plus aventureuse avec un officier de marine, noie sa tristesse et sa colère dans sa passion pour la littérature et plus précisément dans la relecture de « Madame Bovary » et de tout ce qui entoure le chef-d’œuvre de Flaubert. Il en résulte une rêverie littéraire et charnelle, un peu érudite, un peu érotique, où s’entremêlent les figures d’Emma et d’Eva.
Retour avec la réalité avec « Alias Caracalla », le récit au jour le jour des trois années durant lesquelles Daniel Cordier, jeune résistant de 21 ans, parachuté après deux années de formation en Angleterre dans les Forces françaises libres du général de Gaulle, a été le secrétaire de Jean Moulin. Jusqu’à son arrestation. Au-delà d’un livre sur la guerre, la Résistance et la politique en France, l’ouvrage est un superbe hommage à un homme curieux et cultivé.
Scientifique. Quant à Michèle Perrot, elle ouvre, dans « Histoires de chambres », les portes des pièces à coucher d’écrivains et de souverains comme d’anonymes, esquissant, de l’Antiquité à nos jours, une généalogie de l’intimité entrecoupée d’anecdotes. Des confidences d’alcôves égayées de multiples références qui prouvent combien ce petit espace tient d’importance, aussi bien dans les existences particulières que dans les sociétés. « Je me suis sentie un peu comme un scientifique qui étudierait la cellule », a souligné la lauréate.
À signaler par ailleurs que le premier prix Renaudot « poche » a été décerné à Hubert Haddad pour « Palestine », qui porte un regard singulier sur le conflit
israélo-palestinien. Un livre déjà distingué en 2008 par le prix des Cinq Continents de la francophonie et le prix Louis-Barthou de l’Académie française. L’auteur, né en 1947 d’un père tunisien et d’une mère d’origine algérienne, est à l’origine d’une œuvre riche de quelque cinquante-cinq titres entre romans, essais, pièces de théâtre et poèmes. Le dernier, « Géométrie d’un rêve », est paru le 20 octobre dernier chez Zulma.
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