Gestion de l'épidémie

En première ligne, des pharmaciens témoignent

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Publié le 07/04/2020
Face à l’épidémie de Covid-19, les pharmaciens d’officine se sont retrouvés propulsés sur le front avec de nouvelles missions temporaires à assumer. Et face à des clients tantôt agressifs, tantôt compréhensifs. Au travers de son enquête en ligne, lequotidiendupharmacien.fr a recueilli vos impressions dans ce contexte bouleversé.
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Renouvellement d’ordonnances chroniques, distribution de masques aux professionnels de santé, fabrication de solution hydroalcoolique (SHA), substitution de certains dispositifs médicaux, dispensation limitée du paracétamol… les mesures d’urgence prises par le gouvernement ont largement retenti dans les officines. Tout comme l’emballement médiatique autour de la chloroquine et de son dérivé. En sus de l’habituelle gestion des stocks, et notamment des tensions d’approvisionnement, les titulaires ont aussi dû mettre en place des règles de distanciation et d’hygiène, voire réaménager leur espace de vente pour accueillir chacun en toute sécurité, tout en informant au mieux les patients inquiets, et cela souvent à effectif réduit, comme le rappelle Didier Giron sur Twitter. « Seul pharmacien depuis la désertion de mon adjointe devant l'ennemi Covid-19, je travaille à volets fermés depuis lundi, et je m'en félicite. Pour la protection de mon équipe et celle de mes clients. La semaine la plus folle en 34 ans d'exercice », témoigne-t-il le 22 mars dernier.

Au comptoir, les confrères notent que les patients sont plutôt compréhensifs et respectent les règles de distanciation. Ils soulignent même des attitudes ou des marques de reconnaissance. Florence V. raconte sur le site du « Quotidien » : « Une dame de passage à la pharmacie, non-cliente, venue acheter une boîte de Doliprane, nous a offert des chouquettes et des œufs de Pâques. »

Ils remarquent aussi de comportements parfois irrationnels ou excessifs. Ainsi Guillaume N. se souvient d’une femme qui, dès qu’elle posait quelque chose sur le comptoir, faisait systématiquement un pas en arrière. Frédérique M. note pour sa part que des « patients avec double masque sur le visage, paire de gants, distance respectée et craintive » n’hésitent pourtant pas à utiliser leur « carte Vitale sale et pleine de miasmes ». Elle a d’ailleurs eu le cas d’une visite à l’officine uniquement pour la mise à jour de la carte Vitale. Quand ce n’est pas pour un lait corporel ou un dentifrice. Les plus fortes demandes ont lieu par vague : après les thermomètres et le Plaquenil, ce sont désormais les oxymètres de pouls qui ont la cote.

Répondant à la question du site lequotidiendupharmacien.fr, les confrères notent néanmoins une hausse de l’agressivité (pour 59,9 % d'entre eux). Et des réflexions parfois peu amènes de patients accusant les officinaux de garder les masques pour leurs proches ou affirmant « une fois de plus, ce sont les pharmaciens qui vont s’en mettre plein les poches ». De son côté, Guillaume N. s’étonne surtout de voir venir des gens « mieux équipés que nous ». D’ailleurs, indique Christine N., « certains clients nous reprochent de ne porter ni masque ni gants et nous disent qu’on peut les contaminer ».

M. M.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3593