L’ÉLECTION présidentielle approche. Une période pendant laquelle les professionnels de santé en général, et les pharmaciens en particulier, sont attentifs aux propositions concernant leur secteur d’activité. Déjà candidat, François Hollande a dégainé le premier en dévoilant la semaine dernière les grandes lignes de son programme en matière de santé. Les trois axes de son projet : « mieux prévenir, mieux guérir et mieux garantir ». Dans le domaine du médicament, le candidat socialiste juge nécessaire de mieux maîtriser les coûts des spécialités, en donnant la priorité à la santé publique. « Cela passe par une meilleure maîtrise des prix. Les génériques sont, en France, plus chers que chez la plupart de nos voisins », affirme-t-il. Il compte aussi agir sur les volumes. « Nos compatriotes sont parmi les plus gros consommateurs de médicaments, pour lesquels ils dépensent en moyenne 20 % de plus que les autres Européens », soutient François Hollande. En résumé, « cherchons des médicaments plus sûrs, moins nombreux, mieux prescrits ».
Une vision de l’évolution du marché du médicament finalement assez proche de celle du gouvernement actuel. En effet, Xavier Bertrand l’a répété à plusieurs reprises, « il y a trop de médicaments en France, on en consomme trop et on les paye trop cher ». Le ministre de la Santé n’a d’ailleurs pas caché aux confrères, lors du dernier Congrès national des pharmaciens à Bordeaux, que « la situation ne s’améliorera pas » pour l’officine, sachant que les baisses de prix et les mesures de maîtrise médicalisée seront certainement toujours au programme des futurs plans de financement de la Sécu. Alors, quel que soit le résultat des urnes le 6 mai au soir, les officinaux savent d’ores et déjà que le modèle économique sur lequel reposent leurs entreprises doit changer. C’est d’ailleurs avec cet objectif que les syndicats négocient aujourd’hui avec l’assurance-maladie l’introduction progressive d’une part d’honoraires dans leur rémunération (« le Quotidien » du 2 février). Cette évolution doit permettre de déconnecter l’économie de l’officine des prix et des volumes et ainsi d’assurer la pérennité du réseau.
Lutter contre les déserts.
Une pérennité du réseau qui est aussi liée à la présence de prescripteurs sur tout le territoire. Les favoris des sondages semblent prêts à s’y employer et font de la lutte contre les déserts médicaux une de leurs priorités. Certes, Nicolas Sarkozy n’est pas encore officiellement candidat et n’a, du coup, pas encore dévoilé toutes ses cartes pour la présidentielle. Mais le parti dont il portera les couleurs, l’UMP, a déjà avancé quelques pistes, parmi lesquelles il pourra puiser (« le Quotidien » du 6 février). Le projet santé de l’UMP réaffirme ainsi la liberté d’installation des médecins libéraux et propose de passer un nouveau « contrat de santé » avec les professionnels et les patients pour « renforcer l’accessibilité géographique et financière des soins ». Il plaide également en faveur de la télémédecine et de la coopération entre professionnels de santé. De son côté, François Hollande l’affirme, « mieux guérir, c’est aussi mieux organiser la médecine de proximité ». Opposé, lui aussi, à une politique de contrainte envers les professionnels, le candidat socialiste préfère miser sur une approche « territorialisée » de la santé. « C’est à partir des lieux de vie que doit se faire la coordination du parcours de santé et de soins du patient. Aucun territoire de santé ne doit être à plus de trente minutes d’un centre permettant une prise en charge de l’urgence. Dans chaque bassin de population doit exister un pôle de santé et de soins de proximité », qui peut être une maison médicale, un centre de santé avec des médecins salariés, ou encore une structure adossée à l’hôpital public.
La guerre des déficits.
Autre enjeu de la présidentielle : le financement de la protection sociale. Au-delà de la maîtrise des coûts, il semble clair que le rétablissement des comptes publics sera d’autant plus aisé que la croissance sera au rendez-vous. Pour redonner de la compétitivité aux entreprises françaises, combattre le chômage et les délocalisations, Nicolas Sarkozy mise sur une hausse de la TVA, à l’image de ce qui a été entrepris en Allemagne, pays dont le modèle social et économique est souvent cité en exemple par le chef de l’État. Il faut dire que, outre-Rhin, le système de santé est à l’équilibre, voire excédentaire (voir notre article en page 4). Sans attendre l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy envisage donc d’augmenter de 1,6 point la TVA à partir d’octobre 2012, qui passerait ainsi de 19,6 % à 21,2 %. L’idée de cette hausse de TVA, dite « sociale », est de permettre de financer une part de la protection sociale par les consommateurs en compensation de l’allégement des charges patronales. En complément, la CSG sur les revenus du patrimoine serait relevée de deux points.
Une perspective que rejette le candidat socialiste : « Il nous faut dire à nos compatriotes que nous ne pouvons pas vivre avec des déficits structurels de l’assurance-maladie. Et, en même temps, nous ne pouvons pas demander de rétablir ces comptes de la Sécurité sociale, de l’assurance-maladie, en réduisant les droits d’accès des malades. Pas davantage, d’ailleurs, en inventant une nouvelle TVA. » Quoi qu’il en soit, pour François Hollande, la majorité en place a failli sur le plan du redressement des comptes sociaux. « Le déficit s’est creusé dès 2003, c’est-à-dire cinq ans avant même l’apparition de la crise », affirme-t-il, tout en rappelant que, en 2001, alors que Lionel Jospin était Premier ministre, les comptes de la Sécurité sociale étaient équilibrés. Pour sortir la Sécu du rouge, « prenons en compte ce que notre système de financement de protection sociale comporte, c’est-à-dire des cotisations et une contribution sociale généralisée. Et s’il faut chercher des ressources nouvelles, nous devons mettre à contribution l’ensemble des revenus : revenus du travail, mais aussi revenus du capital », propose-t-il. Mais, pour lui, l’avenir de la Sécurité sociale ne se satisfera pas de simples mesures d’économies conjoncturelles mais nécessitera des réformes structurelles alliant prévention, amélioration des soins, garanties plus claires et système de financement plus sûr.
Un levier de croissance.
Plus généralement, François Hollande considère, et c’est nouveau dans le discours politique, que la santé est un investissement d’avenir. « Aujourd’hui, il y a près de deux millions d’emplois publics-privés qui sont liés à la santé, argumente-t-il. Donc il nous faut sortir de la vieille image, datée, jaunie, que la santé serait une charge, un coût, un fardeau – dont le seul but, pour les pouvoirs publics, serait d’en diminuer le poids, l’importance ou l’ampleur. Nous devons faire de cette réalité - être mieux soigné - un levier pour la croissance de notre pays. » Le candidat socialiste voit dans la santé un puissant moteur de développement économique. À l’image des industries de santé françaises qui occupent les premières places mondiales. « Les investissements en recherche et développement de ces grands groupes sont un enjeu majeur de création d’emploi et de développement d’entreprise, note-t-il. Il y a une évolution technologique qui s’amorce dans notre pays, comme partout ailleurs, sur les nanotechnologies, les neurosciences, les technologies de l’information, les biotechnologies, ou encore le décryptage du génome. »
Même si Nicolas Sarkozy n’est pas encore officiellement candidat, nul doute que la course pour l’Élysée est bel et bien lancée.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion