ALORS QUE le gouvernement a annoncé la mise en œuvre prochaine d’une politique publique « Sport - Santé - Bien-être », l’Académie nationale de médecine s’est emparée du sujet. Deux académiciens Jacques Bazex et Pierre Pène, cosignent avec Danièle Rivière et Michel Salvador une note d’information dans laquelle ils proposent notamment d’adopter « de nouvelles dispositions réglementaires » pour organiser la prise en charge du « sport santé » par l’assurance-maladie « dans le cadre de sa politique de prévention », « en association avec les mutuelles et les assurances privées ».
De nombreuses publications viennent aujourd’hui confirmer que pratiquer des activités physiques et sportives (APS) à tout âge « augmente l’espérance de vie en bonne santé », « retarde la dépendance », « constitue un complément thérapeutique efficace » pour de nombreuses affections, et améliore la prise en charge des handicaps, rappellent les auteurs. En dépit des efforts déployés par certaines mairies, associations et de nombreux bénévoles, le bilan en France, dans le domaine de la pratique des activités physiques et sportives, reste décevant, constatent-ils.
Révolution culturelle.
Ils appellent à une « révolution culturelle » orchestrée par les pouvoirs publics, nécessaire, selon eux, pour enraciner le « sport santé » dans notre société. « Dès le jeune âge, puis tout au long de la vie, les activités physiques et sportives doivent s’imposer dans les habitudes de chacun. »
Pour insuffler et soutenir cette dynamique, « médecins et enseignants » doivent être sensibilisés aux bénéfices du « sport santé ». C’est au corps médical de « définir les bonnes pratiques de la prescription des APS dans des conférences de consensus », souligne l’académie. « Les APS peuvent être proposées au sujet sain dans le cadre de la prévention primaire ou être l’objet d’une prescription médicale venant ou non compléter un traitement médical. » La prescription d’un sport sur ordonnance devra être rédigée « selon les règles de toute prescription médicamenteuse et être expliquée au patient avec la même rigueur » (nature et contexte de la pratique, intensité, durée et fréquence des séances, mesures associées, suivi et contrôles médicaux à observer).
Règle des « 3R ».
Le volume d’activité nécessaire et suffisant pour chacun peut se résumer au respect de la règle des « 3R », à savoir : une activité « régulière » (au moins hebdomadaire), « raisonnée » (correspondant à 50 % de l’activité physique maximale déterminée pour chaque sujet) et « raisonnable » (mettant à l’abri d’incident ou d’accident). « La surveillance médicale du sujet adoptant un programme d’activités physiques et sportives de base peut se limiter à une consultation médicale annuelle programmée auprès du médecin traitant », avec des comptes rendus médicaux à faire figurer dans le dossier médical personnalisé (DMP), indiquent les auteurs. « Quand il s’agit de prescrire des APS dans un contexte médical, la collaboration des médecins référents, spécialistes de la pathologie à prendre en charge et du sport, devra être établie », poursuivent-ils. Quels que soient les cas, « la recommandation des APS ne se conçoit que chez des sujets respectant une hygiène de vie. Il serait inexact de croire que le suivi d’APS renforcées pourrait compenser une hygiène de vie trop laxiste », insistent les auteurs. Le texte intitulé « Les activités physiques et sportives, la santé - la société » fera l’objet d’un rapport plus détaillé qui sera soumis au vote des académiciens d’ici à la fin du mois.
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