Soixante et onze des soixante-douze pharmaciens du Douaisis se sont déjà rendus à l'une (ou plus) des soirées découvertes des services à l'hôpital de Douai (Nord). C'est le premier résultat après un an de travail commun entre la ville et l'hôpital.
« Il y a beaucoup de compétences en ville, et beaucoup à l'hôpital, mais elles s'ignorent, et nous ne travaillons pas toujours ensemble, rappelle Renaud Dogimont, directeur général du centre hospitalier de Douai. C'est d'autant plus préjudiciable en présence d'inégalités sociales, ou pour une femme, ou pour des gens qui habitent un quartier défavorisé. » Il en a donc parlé avec les médecins hospitaliers, puis a pris son bâton de pèlerin et a rencontré trois cents professionnels de santé dans leur cabinet, dans leur officine, chaque fois accompagné par un médecin hospitalier. « Nous avons sollicité leurs attentes de l'hôpital, pour rompre notre hospitalo-centrisme, et réunir les professionnels dans l'objectif commun d'un meilleur parcours de soins. »
Une initiative appréciée
« C'est une très bonne initiative, convient Amandine Cheval, pharmacienne co-titulaire avec son mari Sébastien, à Arleux. Le directeur de l'hôpital est venu nous voir, nous a demandé nos revendications. On a parlé de la rédaction des ordonnances, des prescriptions hospitalières pas toujours adaptées, de la question des stupéfiants, des stomies, de la taille des pansements, etc. » Une première réunion a eu lieu à l'hôpital entre chefs de service et pharmaciens libéraux. D'autres réunions ont suivi pour parler du matériel médical, des sorties, des problèmes de nutrition, de trouver un correspondant.
« Beaucoup de pharmaciens comprennent qu'ils doivent reprendre leur place de professionnel de santé. Les jeunes ont cette mentalité, mais aussi des anciens, car, nous libéraux, n'existons que grâce à la solidarité nationale », s'exclame Saliha Grévin, pharmacienne à Douai. Elle aspire au décloisonnement : « On va vers l'hôpital, l'hôpital vient vers nous, la ville est le bras armé de l'hôpital. »
Un comité ville-hôpital
Un premier questionnaire envoyé par l'hôpital aux pharmaciens a été retourné rempli par 40 % d'entre eux. « Les demandes des officines pour l'hôpital sont énormes », constate Renaud Dogimont. Un comité ville-hôpital a donc été créé, avec soixante-dix professionnels (hospitaliers, généralistes, infirmiers), dont dix pharmaciens.
À partir du questionnaire, de premières initiatives ont été mises en place. Un annuaire, par exemple, recense les numéros de téléphone directs des chefs de service, « qu'on peut joindre en cas d'urgence », précise Amandine Cheval. Des réunions sont organisées, des visites de service. « Cela nous permet d'orienter nos propres patients vers des consultations externes, en ophtalmo, par exemple. »
Les médecins hospitaliers ont aussi appris à identifier les pharmaciens de leurs patients, « de demander leur avis, de connaître leur environnement ». « On va vers une normalité, constate Saliha Grévin : la médecine de ville, avec le pharmacien, avec l'infirmier, c'est le premier recours, l'hôpital, c'est le second recours. Il fallait fluidifier les rapports. »
La question des prestataires
Renaud Dogimont a, bien sûr, reçu les revendications des pharmaciens à propos des prestataires de matériel. « Il le savait un peu, suggère Amandine Cheval. Désormais, assure le directeur, nous avons donné une réponse affirmative aux libéraux : les officines sont toujours consultées en première intention. »
« Il reste une frontière entre l'hôpital et la ville, remarque la pharmacienne d'Arleux. Quand on a envie de foncer, tout est d'une lenteur pas possible à l'hôpital. Mais le seul fait des réunions où on peut se voir, parler de tout, parler des patients, est déjà énorme. » « Le pharmacien de ville, par sa proximité, par sa disponibilité, a un rôle clé dans l'organisation des soins », lui répond Renaud Dogimont.
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